Mis en prison avec une mise en scène et un tapage médiatique mettant en scène le Procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, le présumé proxénète, Alex Eckembé, a été discrètement remis en liberté, le 6 décembre 2013.
Tribunal de Libreville. 19 juillet 2013. Les médias nationaux et internationaux ont été convoqués pour que leur soit présenté un haut cadre de l’administration gabonaise (anciennement directeur de cabinet dans un ministère), arrêté et mis sous mandat de dépôt. Il lui est alors reproché d’avoir «violé sauvagement une jeune dame [..] Après l’avoir accosté dans une boite de nuit, il l’aurait accompagné dans sa chambre d’hôtel avant d’exercer sur elle des violences physique qui se sont soldées par une violence sexuelle», avait expliqué le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé. Plus grave, Alex Eckembé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était également accusé d’entretenir un réseau de proxénètes ayant des ramifications au-delà du seul Gabon. Selon le procureur, l’homme recrutait des jeunes filles de plusieurs horizons via un réseau ayant des ramifications dans des pays tels l’Afrique du sud ou le Cameroun et vendait leur charme.
Placé en détention depuis lors, l’affaire de ce présumé violeur et proxénète a bien évidemment fait couler encre et salive du fait de l’opacité qui avait suivi le battage médiatique organisé à son arrestation. Un blackout brisé par l’hebdomadaire Echos du Nord qui indiquait, le 26 août 2013, que depuis «Sans Famille», le pénitencier de Libreville, «Alex Eckembé a adressé des signaux clairs à ses «geôliers» […] Il aurait fait savoir qu’il risque sous peu de demander «l’assistance» de Téodorin Nguema, et au président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, monsieur Guillaume Soro». L’homme disposait donc bien d’un carnet d’adresse international et pour le moins intéressant car comportant les noms de quelques jeunes personnes de pouvoir dans des pays africains.
Echos du Nord est revenu à la charge le 28 octobre 2013, indiquant que «l’ordre de le relaxer est venu de très haut». Et de se demander tout de même s’il était question d’une mesure humanitaire, le présumé coupable de proxénétisme étant alors dans «un état de santé critique depuis la semaine dernière». Le journal, comme un bon nombre de ses lecteurs se sont donc demandés si cette relaxe n’était pas la conséquence de la menace d’Alex Eckembé de faire des révélations pouvant «faire sauter vingt fois la République».
Ce lundi 9 décembre 2013, Echos du Nord indique littéralement l’épilogue de ce feuilleton puant bon l’absurde et le règlement de compte : Alex Eckembé est enfin libre. Si l’information est vérifiée, on peut se demander ce qui a motivé cette libération sous cape, alors que l’arrestation du présumé proxénète international avait donné lieu à un rabattement des médias. De même, on se demande si le projet qui avait été bâti derrière cette arrestation et cette médiatisation à outrance ne s’est pas, par hasard, avéré contre-productif. Et dans ce contexte, ceux qui ont suivi cette affaire depuis le premier jour, se demandent qui tire les ficelles ? Qui a-t-il peur d’être mouillé ? Qui a autorisé la libération de cet homme si les griefs qui pesaient contre lui sont avérés. Est-il vraiment coupable ou non ?
Ce qui est sûr, c’est que le présumé proxénète est libre. Les éventuels organisateurs de son arrestation devraient certainement se faire du mauvais sang maintenant.