L’ancien Premier ministre, ancien idéologue du «Polit Buro» du PDG et actuel porte-parole du Conseil consultatif des Sages du parti, devrait annoncer, dans les prochaines semaines, son départ du Parti démocratique gabonais. Toutefois, apprend-on auprès de ses proches, il ne devrait pas rejoindre les rangs des forces du changement.
Il a fait part à plusieurs de ses proches de son intention de «quitter les rangs du parti». A d’autres, il aurait dit que sa décision est prise. Jean-François Ntoutoume Emane, 76 ans cette année, qui a cumulé les postes ministériels (ministre, ministre d’Etat, Premier ministre) pendant 26 ans, et les fonctions de Délégué général des Grands Travaux à sa dernière sortie du gouvernement et de maire de Libreville de 2008 à 2013, sans oublier les dix années passées comme conseiller personnel du président Omar Bongo, dit ne pas comprendre la gouvernance actuelle, alors qu’il y avait cru et avait alors porté un soutien «massif» à celui qui avait été désigné comme candidat du PDG à la dernière élection présidentielle.
«C’est le fils d’Omar et, à ce titre, je dois le soutenir», avait alors expliqué l’ancien hiérarque du PDG (et maire de la commune de Libreville) à des membres de sa famille qui lui demandaient les raisons de son choix. Jean-François Ntoutoume Emane avait donc alors fait un choix sentimental. Mais, depuis 2009, que d’eau sous le pont ! La gouvernance Ali Bongo lui paraîtrait manquer d’une stratégie claire. Le parti du rassemblement, de la cohésion et de l’unité qu’était le Parti démocratique gabonais est «mort» ; seuls existent les intrigues, les mises à l’écart, la marginalisation des anciens en dépit de l’existence d’un conseil des Sages,…
La présence de son fils Simon Wilfried Ntoutoume Emane dans l’équipe gouvernementale ne le laisse pas indifférent, mais il s’agit, dit l’un de ses neveux, «des affaires du pays». Il ne s’agit plus de mettre des œillères et de fuir ses responsabilités. «Le pays ne va pas bien, et on ne sent pas une volonté de le sortir des difficultés ; il y a trop de discours et trop peu d’actes», souligne le neveu cité plus haut. Si ce départ devait se confirmer, ce serait une preuve supplémentaire que le PDG se trouve dans une crise profonde que refusent de voir Faustin Boukoubi et d’autres responsables du secrétariat du parti de Louis.
Comme René Radembino Coniquet (aujourd’hui décédé), René Ndemezo’Obiang et Paul Biyoghé Mba, Jean-François Ntoutoume Emane avait, en août-septembre 2012, appelé à une concertation politique nationale au moment où la crise politique qui vient certainement de connaître son apogée était en train de prendre corps dans la société.
Il est à noter toutefois que si l’ancien Premier ministre quitte effectivement le PDG comme le laissent croire certaines indiscrétions, il ne rejoindrait pas forcément les rangs des forces de l’opposition pour l’alternance.
