Dans la même veine que «Qui sera notre Sankara ?» son précédent texte, Ika Rosira, la petite Gabonaise du siècle, est toujours à la recherche du Gabonais qui aurait pu être le héros national. Après Oyé Mba, Missambo, Eyéghé Ndong, son regard furtif se pose sur Mba Obame.
Pour ceux qui se posent encore cette question, la révolution est déjà enclenchée, du moins celles des consciences. On ne parlait pas de crimes rituels, maintenant, on en parle. Le régime vit-il ses dernières heures ? Maintenant il est possible d’entendre certains dire, en faisant allusion aux pseudo-émergents, que «c’est comme si l’atmosphère était polluée par un gaz nocif qui prend à la gorge et qu’ils s’évertuaient à dire aux gens «- mais de quoi vous vous plaignez, l’air était polluée du temps du père, maintenant le fils a tout assaini, laissez-le travailler» … tout en retenant eux-mêmes leur respiration. En réalité, on n’imagine même pas l’ampleur du pillage avant de tomber sur des chiffres concrets. Y a trop de récup’ politique, trop de gens qui veulent continuer à rester dans des salons feutrés».
Malgré toutes les récentes révélations, sur les avions que possèdent Ali Bongo (il en a 5, tandis qu’Obama, lui se contente de l’Air Force One, soit dit en passant), sur les sommes que reversent les compagnies pétrolières rien qu’à la Famille Bongo Ondimba, sur les budgets alloués à des constructions et aménagement invisibles à l’œil nu, sur le patrimoine de la famille Bongo Ondimba ou encore sur le parc automobile insultant et aberrant (dont Ali est fier de dire au peuple dans le blanc des yeux que ce sont SES voitures et qu’ il n’a pas honte de les conduire), il n’y a aucune URGENCE, si ce n’est de célébrer le 12 mars (le règne absolu du Parti Démocratique Gabonais depuis presque 50 ans). Mais comme disent certains, là, on ne peut plus parler de détournement de fonds, de vol, de corruption, d’organisation criminelle ou de mafia, quand c’est trop flagrant comme ça, trop éhonté like it, trop inadmissible, il s’agit de «science fiction», ils nous font la magie, ce sont des «alchimistes» capables de faire oublier au peuple le mal qu’on lui fait en le rendant incapable de le dissocier du bien qu’on ne lui fait pas.
Vaut mieux parler d’André, comme prévu. André Mba Obame, le fameux Docteur en sciences politiques, qui devait hériter du trône à la mort de Bongo-père. Lui qui était si proche de la famille présidentielle et encore plus proche d’Ali à l’époque où le trône n’était pas encore à prendre. Lui qui a vécu pour et par Bongo-père, défendant corps et âme sa politique, ses idées, ses actions et ses réactions. Même si André aurait été pour plusieurs la meilleure alternative quant à la succession au trône, il n’en demeure pas moins qu’il a été incapable d’anticiper et de réagir suite à ce qu’on ne peut même pas appeler défaite ; le mot qui conviendrait le mieux c’est truanderie. Néanmoins, il n’a pas été capable d’honorer ses engagements. Des familles ont été privées de leurs salaires à TV+ (sa chaîne hein !), des gens ont travaillé pour du beurre et des cacahuètes, tout simplement parce que les annonceurs habituels et potentiels ne pouvaient pas se permettre de réitérer leurs engagements auprès de l’Ennemi d’État numéro 1.
Normalement quand on va à la guerre, on ne se retire pas en laissant ses hommes sur le champ de bataille. On dira que ce n’est pas de sa faute s’il est tombé malade, que c’est le vaudou, que c’est mystique… Quand on veut diriger un pays, on doit pouvoir être capable de pallier à toutes les éventualités, en cas d’assassinat, en cas d’emprisonnement, de maladie incurable ou de dépression sévère, il faut être capable de garantir aux gens que leur monde ne cessera pas de tourner à cause de nous.
D’autre part, AMO a fait ce qu’on peut appeler du tourisme ministériel. Il a eu le portefeuille du ministère de l’Agriculture dès 1990, celui des Droits de l’Homme et consort, celui des Relations avec les institutions constitutionnelles, celui de l’Éducation nationale, celui de la Solidarité nationale, des Affaires sociales et du Bien-être, sans compter son rôle de Porte-parole du gouvernement pour enfin se poser en 2005 dans celui de l’Intérieur, de la Sécurité et de l’Immigration. Dans tout ça, il est impossible de se rappeler quelles reformes importantes, quelles améliorations surtout en ce qui concernent les conditions de vie des policiers qui ont commencé à devenir plus nocifs, plus belliqueux, plus agressifs réduits à la forme la plus autoritaire de la mendicité.
Mais bon, personne ici n’a la science infuse, ni des pouvoirs assez occultes pour deviner les intentions ou révéler les choses qui nous sont méconnues sur André Mba Obame, il n’en demeure pas moins que même s’il lui reste des fidèles, il serait plus logique que nos regards se tournent prochainement sur Luc Bengone Nsi, qui n’a pas fait partie de ce régime «d’alchimistes» menteurs et assassins du peuple et qu’il a dénoncé avec beaucoup plus de véhémence. Sur ce, on reste sur le même type de questions. Qui va nous garantir une limite des mandats présidentiels ? Qui vient avec l’intention d’améliorer les choses et de passer le relais au suivant ? Qui va changer à tout jamais notre pseudo-Constitution en une Constitution qui protégera le peuple et ne se contentera pas de maintenir des dictateurs, des usurpateurs d’identité et des voleurs, truand, tricheurs, mythomanes au pouvoir ?
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