Entre faubourgs cossus, quartiers populaires souvent précaires et bord de mer branché, la capitale gabonaise est tout en contrastes. Bien loin des villages épars qui lui ont donné naissance.
Derniers jours de novembre à Libreville. La grande saison des pluies touche à sa fin. La veille, une tornade a encore détruit des habitations dans les quartiers précaires et noyé les routes. Mais elle a lavé le ciel. Au lever du soleil, il est d'un bleu intense. Sur la corniche, le vent de l'estuaire fait ployer les rangs de cocotiers. Des écoliers en uniforme gambadent, des couples enlacés divaguent.
Devant l'imposant Palais du bord de mer, siège de la présidence, la silhouette brute d'un hermaphrodite d'airain tend ses bras musculeux. À ses poignets, des chaînes brisées. Conçue par l'artiste Minko Minzé, la statue de la Liberté rend hommage à la fondation de la cité. Il y a cent cinquante-quatre ans, le 17 octobre 1849, 52 esclaves libérés par la marine française retrouvaient ici le sol d'Afrique et posaient, dans l'actuel quartier de Montagne-Sainte, les premières pierres du village de Libreville. Des rois, alliés à la France, gouvernaient les environs : Louis, Glass, Quaben, qui ont transmis leur nom à leurs fiefs. Depuis l'indépendance, en 1960, ces villages se sont étendus, rejoints et soudés, jusqu'à devenir des quartiers de la capitale actuelle, où vivent plus de 700 000 habitants, soit une grosse moitié de la population du pays.... suite de l'article sur Jeune Afrique