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Omar Bongo Ondimba : une succession à plus de 12 chiffres
Publié le lundi 9 mars 2015   |  Gabon Review




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300 milliards de francs CFA au bas mot, c’est le montant de l’évaluation partielle de la richesse laissée par Omar Bongo à la fin de ses 42 ans de règne sur le Gabon.

La saga de révélations mirobolantes sur les actes de déprédation d’Omar Bongo Ondimba et héritiers est loin d’avoir atteint son épilogue. Après l’exhumation du lourd dossier des biens mal acquis dans lequel certaines personnalités de la famille du président décédé sont soupçonnées, le site web d’information et d’opinion «Mediapart» s’est tout récemment permis de farfouiller dans les documents relatifs à l’héritage d’Omar Bongo.

Censés être secrets, ces actes écrits portant sur l’héritage du défunt président du Gabon sont le compte-rendu d’une réunion de famille des héritiers, tenue à l’hôtel L’Etoile d’Or de Libreville le 17 février 2014 et présidée par Pascaline Bongo, fille aînée et mandataire exclusive de la succession. Le rapport lève «un coin de voile sur un système de captation des richesses de tout un pays d’une rare ampleur», selon l’expression du journal français d’investigation qui note que «Même si les éléments contenus dans ce PV n’offrent qu’une vision très partielle de la fortune des Bongo, celle-ci est déjà vertigineuse. Pour cause : les sommes ici en jeu s’élèvent au bas mot à 300 milliards de francs CFA (460 millions d’euros). Pour saisir l’ampleur de l’affaire, cela représente plus de 10 % du budget du Gabon pour 2015.»

Selon le procès-verbal ultraconfidentiel, rédigé par un huissier de justice, sur la base d’un inventaire (partiel) des actifs immobiliers de la succession, les biens du patriarche en attente de partage entre ses 53 héritiers sont essentiellement répartis sur les quatre provinces les plus développées du pays, à savoir : l’Estuaire, le Haut-Ogooué, l’Ogooué-Maritime et le Woleu-Ntem. Il s’agit de villas, d’hôtels de luxe, d’appartements ou d’immeubles. Le tout évalué par un expert de la cour d’appel de Libreville à 238 milliards de francs CFA soit (370 millions €). Mediapart précise que les calculs ayant mené à ce montant «ne prennent, par exemple, pas en compte les revenus issus du pétrole (un gisement de cash) ou des actions dans plusieurs multinationales (la rente idéale).»

À cette énumération donc non exhaustive il faut ajouter «tous les biens détenus à Libreville, Franceville et Port-Gentil par le biais de la Socoba, une société dirigée par un gendre d’Omar Bongo et principale bénéficiaire des travaux publics du Gabon. Les actifs immobiliers de la Socoba s’élèvent quant à eux à plus de 24 milliards de francs CFA (40 millions €), d’après le procès-verbal.» Toutes ces estimations ne prennent toujours pas en compte la valeur vénale d’une dizaine d’autres sociétés civiles immobilières qui n’ont pas encore été intégrées à la succession.

Outre l’appétit pour l’immobilier, le défunt président avait des qualités d’affairiste qui l’ont conduit à rentrer dans le capital de deux grandes sociétés françaises installées au Gabon : la Société d’eau et d’électricité du Gabon (SEEG), filiale de Véolia, et la Banque internationale pour l’industrie et le commerce du Gabon (BICIG), filiale de la BNP. Ce qui rapporte de beaux dividendes. Si le patrimoine dispose également d’un compte à la BGFI, «créditeur de plus de 2 milliards de francs CFA», toujours selon Mediapart, hormis plusieurs comptes bancaires logés dans l’hexagone, «la succession Bongo a intégré deux comptes offshore ouverts à la banque Martin Maurel de Monaco, sur lesquels dormaient près de 20 milliards de francs CFA». Ces deux comptes sont actuellement dans le viseur de la justice française qui y voit un probable «blanchiment de détournement de fonds publics».

Cette fortune colossale qui reste à découvrir dans son entièreté aiguise bien évidement les appétits et exacerbe les égoïsmes. Alors qu’il a «pourtant longtemps affirmé qu’il se désintéressait de la succession de son père», Ali Bongo, l’actuel président du Gabon, qui s’est fait représenter à la réunion ayant donné lieu à ce procès-verbal, revendique «avec fracas» sa part. Il veut que lui «soit communiqué copies exhaustives de l’intégralité des documents relatifs à la succession, permettant d’apprécier la situation active et passive de cette succession, tant au Gabon, en France que dans l’ensemble des autres pays et ce, quelque soit les structures mises en place préalablement [par Omar Bongo]». Ce qui n’a pas manqué de jeter un froid au sein de la fratrie. Chaud devant !

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