Le Chef de l’État a reçu des mains du Premier ministre le rapport des travaux de la Commission ad hoc relative au dialogue social. Occasion saisie par les représentants syndicaux pour une série d’interventions assez vives. « Le peuple gabonais vous regarde et va mesurer vos capacités à surmonter les difficultés »
Appelant les syndicats à reprendre le travail sans délai pour éviter une année blanche, Ali Bongo Ondimba demande au Gouvernement de se mettre au travail immédiatement – dès ce week-end - pour rétablir les fils du dialogue avec les organisations représentatives. Dialogue, concertation, responsabilité. « Il est inadmissible de prendre les enfants du Gabon en otage ! »
Le Président de la République, garant de « la stabilité, la cohésion nationale, la sécurité et la paix », entend poursuivre l’effort dans le domaine de la réforme de l’État et dans la diversification de l’économie. Il appelle les syndicats à la responsabilité.
Et doit tenir compte de l’histoire qui se fait au gré des heures : alors qu’il vient de recevoir le rapport circonstancié des deux mois de travaux tenus à Angondjé dans le cadre de la Commission sur le dialogue social, et qu’il vient d’entendre le mot de compliment du Premier ministre, Ali Bongo Ondimba entend se lever dans l’assemblée un brouhaha de mécontentement.
Ce sont des délégués vent debout contre le processus ayant conduit à la remise d’un rapport qu’ils disent ne pas faire leur. Quelques minutes de « démocratie en direct », articulées autour d’échanges parfois nerveux entre syndicalistes, suffiront à faire émerger un groupe de porte-paroles validés par la base. Serein et très attentif, soucieux de relancer un dialogue que d’aucuns disent bloqué, le Chef de l’État va laisser le micro à cinq leaders et ainsi prendre note de leurs attentes comme de leurs impatiences.
Le Président exige la reprise du dialogue et des résultats sans tarder
Appelé à conclure cette cérémonie au protocole partiellement bousculé, Ali Bongo Ondimba confiera qu’il était bien informé en amont du caractère tourmenté de la relation syndicat-Gouvernement : « Pas question de perdre encore du temps. Tous les ministres et les partenaires sociaux concernés doivent se retrouver. Je veux des résultats dans les prochains jours, et je ne saurais attendre. Travaillez tout ce week-end ! Passez des nuits blanches ! Toute la Nation vous regarde ; le peuple gabonais vous regarde et va mesurer vos capacités à surmonter les difficultés ».
Éviter l’année blanche
Priorités absolues, l’éducation et la santé mobilisent les efforts de l’État. Pour Ali Bongo Ondimba, le moment est venu de poser deux questions, qui valent interpellation : « Est-ce bien raisonnable ? Est-ce bien responsable ? ». Les représentants syndicaux se trouvent face au réel spectral d’une année blanche. Le Président a le ton grave : « L’année scolaire de plus de 400.000 enfants, 400.000 de nos enfants, de vos enfants, des enfants de compatriotes et de ceux qui vivent au Gabon, qui paient des impôts, leur année scolaire serait menacée ! Et pourquoi ? Parce que l’on revendique des augmentations de salaire que moi-même j’ai envisagé avant même que vous m’ayez demandé quoi que ce soit ».
La pression sur le Gouvernement
L’esprit de participation devant rester la marque de fabrique du dialogue social à la Gabonaise, le Chef de l’État demande au Premier ministre d’agir vite pour :
• rouvrir des négociations paritaires pour un nouveau système de rémunération ;
• régler le dossier des enseignants du pré-primaire par l’intégration immédiate de ceux qui remplissent les conditions statutaires et la mise à niveau, en termes de formation, de ceux qui le nécessitent ;
• poursuivre le paiement de la Prime d’incitation à la performance (PIP) du 4e trimestre 2014.
Ces deux heures de libre expression démocratique et d’échanges directs entre Ali Bongo Ondimba et les représentants des travailleurs gabonais auront sans doute largement contribué à la fermentation salutaire de l’esprit du paritarisme. « Les enfants nous disent : ne sabotez pas notre futur ; laissez-nous aussi notre chance », souligne le Chef de l’État.