A l’approche de l’élection présidentielle de 2016, l’opposition gabonaise promet de présenter une candidature unique et tente de rassurer l’opinion publique en affirmant qu’il n’y aura pas une pléthore de prétendants en son sein comme cela fut le cas par le passé. En attendant le grand jour, chacun affine ses armes.
Nul doute qu’au fur et à mesure que les rangs de l’opposition, plus précisément du Front uni de l’opposition pour l’alternance, grossissent en enregistrant dans son état-major des transfuges du Parti Démocratique Gabonais (parti au pouvoir) ou de la majorité présidentielle, l’équation du choix du candidat de l’opposition se complique et ce, quel que soit le mode de désignation du prétendant à la magistrature suprême en passant par des primaires ou par un consensus.
Il y a d’abord la grande interrogation concernant le retour d’André Mba Obame. Sera-t-il candidat ou non ? Même s’il a disparu de la vie publique depuis au moins deux ans, en raison d’une mal mystérieux, pour ses sympathisants il demeure toujours leur candidat naturel. A tel point que certains ténors du Front qui rêvent de porter les couleurs de l’opposition évitent soigneusement de parler de l’après-André Mba Obame pour ne pas s’attirer les foudres des militants de l’Union nationale. Fort de cela, Mba Obame conscient de cet atout se garde bien de donner signe de vie pour mieux entretenir le mystère sur son possible retour, et peser même s’il n’est pas candidat, dans le choix de celui qui sera désigné.
Bien entendu il y a ensuite Jean Ping, l’ancien président de la commission de l’Union africaine qui est devenu depuis sa démission du PDG le candidat par défaut qui pourrait remplacer Mba Obame, estime un haut cadre du Front sous couvert de l’anonymat. Si son éloignement du pays durant des années en raison de ses fonctions précédentes ne lui ont pas permis de disposer d’une base électorale, il peut compter sur ‘’Les Souverainistes’’, un think tank qui lui a ouvert les portes de l’opposition. Un autre avantage est qu’il dispose de relais à l’étranger qui lui ouvrent les portes des capitales en Afrique et en Europe mais il dispose surtout d’importants moyens financiers, le nerf de la guerre dans une élection.
L’ancien Premier ministre Jean Eyeghe Ndong se laissera-t-il faire pour laisser la place à Jean Ping, lui qui se voyait offrir un boulevard suite au retrait politique de Mba Obame ? Pas si sûr. Eyeghe Ndong même s’il est populaire parmi les sympathisants du Fuopa ou de l’Un à cause de son franc-parler, ne dispose cependant pas du même assentiment au sein du cercle décisionnel du Front.
Un autre ancien attend patiemment dans l’ombre que cette fois-ci la chance daigne lui sourire à nouveau. Après s’être retiré brutalement de l’élection présidentielle anticipée de 2009, à la veille de l’élection et sans donner de consigne de vote, Casimir Oyé Mba doit regretter sa décision qu’une base des militants de l’opposition voire certains cadres ne lui pardonnent toujours pas. Pressenti un temps soit peu dans la short list des successeurs à Omar Bongo, l’ancien patron de la Banque des Etats de l’Afrique centrale ne se dit pas mort en politique et nourrit l’espoir secret d’un coup du destin qui ferait de lui le candidat de l’opposition.
Un autre sérieux prétendant à la candidature unique de l’opposition pourrait être Mouckagni Iwangou. Encore méconnu du public il y a quelques année, fragilisé par son exclusion de l’Union du Peuple Gabonais du leader historique feu Pierre Maboundou, l’ancien directeur de l’Ecole nationale de la magistrature a retrouvé semble --il un nouveau souffle politique.
Même s’il n’a plus l’âge requis pour se présenter à une élection présidentielle, Zachary Myboto l’autre grand argentier de l’opposition et qui a gracieusement mis à la disposition de l’Un et du Front une des ses villas située au quartier ancienne Sobraga pour la transformer en siège social et autre lieu de rendez-vous, compte peser de tout son poids. Prudemment et malicieusement, il pourrait faire glisser la candidature de son gendre Paul Ngoudjout, l’époux de sa fille Chantale Myboto.
En résumé quel que soit le mode de désignation pour choisir le candidat unique de l’opposition, il reste fort à parier qu’ils seront nombreux à déclarer leur candidature pour le scrutin des présidentielles, chacun auscultant dans l’ombre les moindres faits et gestes de ses compagnons et élaborant des stratégies en attendant l’échéance électorale.