Paris – Dans une interview exclusive accordée à Gabonews.com ce mercredi à Paris, le Coordinateur du mouvement citoyen Cohérence Démocrate Cyrille Ona a déclaré que le Gabon est dans « une situation d’urgence sociale, politique et économique et cela montre que les gouvernants n’ont pas fait les bons choix en terme de gestion budgétaire ».
Gabonews (GN) : Cohérence Démocrate organise un débat franc ce samedi à Lille. C’est quoi finalement l’enjeu de cette rencontre avec les gabonais de Lille ?
Cyrille Ona (CO) : Le niveau du débat politique ces derniers jours au Gabon nous éloigne chaque jour des préoccupations essentielles des populations qui attendent toujours qu’ on apporte des solutions à leurs problèmes du quotidien. Qui pense à ces élèves qui sont à la maison depuis plus d’un mois et sans réel espoir sur la reprise des cours ? Qui apporte des solutions au gabonais qui subissent la pénurie de taxis, coupures d eau, d électricité de manques de logements et de routes inondées , de la vie chère ? Qui parle de ces enseignants dont les conditions de vie et de travail ne sont plus dignes d’un pays qui a plus de 3000 milliards de budget annuel, il est urgent d y apporter des solutions. Et voilà pourquoi nous devons engager un débat gabono-gabonais à Lille car il ne faut pas oublier que Cohérence Démocrate est un groupe de réflexion devenu courant de pensée et maintenant mouvement citoyen. Il se veut aussi une force de propositions sur les politiques publiques au Gabon en matière d’éducation , de santé , de logement , de distribution d’eau et d’énergie...
GN : Votre analyse et commentaire sur l’actualité politique au Gabon ?
CO : Démission de Mr Ndemezo’o du PDG, affaires Pascaline Bongo, Lanlaire etc... tout ceci à mon avis n’ est que pure distraction, il est temps de résoudre les vrais problèmes qui minent la vie de nos concitoyens. Notre pays étant dans une situation d’urgence sociale, politique et économique cela montre que les gouvernants n’ont pas fait les bons choix en terme de gestion budgétaire.
GN : Et qu’est ce qu’il faut faire ?
CO : Avant tout il y a les priorités à définir.
GN : Lesquelles ?
CO : Pour Cohérence Démocrate, c’est l’éducation et la santé. Depuis les fameuses Agences, les différentes lois de finance ont établi un budget d’investissement annuel à plus de 600 milliards de francs CFA. Au lieu de faire une marina, des courses de bateaux, des carnavals, des matchs de foot et autres concerts couteux, on aurait résolut le problème des sureffectifs et amélioré les conditions de travail des enseignants. Avec plus de 600 milliards d’investissement annuel, on peut aisément construire un lycée par arrondissement à Libreville, Port-Gentil, Franceville, Oyem et Mouila, accompagné d’un dispensaire à défaut d’un grand hôpital par ville.
GN : C’est tout ?
CO : Non. Regarder les voiries, on peut réhabiliter les routes secondaires et créer une nouvelle décharge afin d’avoir une ville propre. Ce n’est pas impossible, il faut juste une volonté politique. Regarder les dépenses en biens et services pour le fonctionnement de l’Etat passent de 199,9 milliards en 2009 à 379,8 milliards dans le budget 2015, soit une augmentation de 90% en six ans. Pourtant le recrutement des fonctionnaires est gelé depuis 2010. Comment expliquer cette augmentation des dépenses de fonctionnement. Il y a là suffisamment d’argent pour investir dans les infrastructures sportives. On peut facilement monter des plateaux sportifs. Pour information un stade de foot synthétique coûte 200 mile Euros soit près de 131 millions de francs CFA. Un terrain stabilisé de basket coûte 10 millions de CFA. Ainsi on a la possibilité de vulgariser la pratique du sport et limiter par la même occasion la consommation abusive d’alcool.
GN : Votre message de fin avant de boucler cet entretien ?
CO : Merci d’abord à Gabonews qui fait un travail appréciable en France. Vous suivez de près les activités de la diaspora gabonaise de France, nous vous disons bravo. Ensuite, nous demandons à tous les compatriotes soucieux de l’avenir de notre pays le Gabon d’être nombreux à Lille ce samedi 7 mars 2015. Pour nous, la discussion permet de dissiper les malentendus et parfois c’est en échangeant qu’on se rend compte qu’on veut la même chose. Le Gabon est crispé de nos jours sur une bipolarisation majorité présidentielle, opposition. Nous disons non à la pensé unique, non au débat de personnes. Seuls l’intérêt collectif et le débat d’idées doivent être au centre de nos préoccupations. Et enfin, nous sommes pour que les dirigeants gabonais soient au service des populations et non l’inverse.