Retiré de la vie publique depuis quelques années, l’Abbé Noël Ngwa est décédé à l’âge de 80 ans ce lundi 2 mars 2015 à Libreville.
est parti comme il a vécu, au milieu des plus démunis, menant une vie pieuse au sein de la paroisse qu’il avait lui-même bâti il y a 25 ans, le Cœur Immaculé de Marie de Nzeng Ayong.
Pour autant, homme de lettre, journaliste et observateur de la vie politique, il a été l’un des plus farouches adversaires au président Omar Bongo à l’époque du monopartisme puis du multipartisme, ce qui lui a valu plusieurs aller-et-retour en prison.
Moins connu que ses compagnons de lutte, à l’exemple de Pierre Mba Abessole, d’Agondjo Okawé, ou de Joseph Rendjambé, il était une figure de proue de l’opposition. Pionnier de la presse libre au Gabon, c’est à lui que nous devons le journal Missamu, publication du parti le Morena, véritable poil-à-gratter du pouvoir à cette époque et ancêtre du journal le Bûcheron.
Contrairement à plusieurs de ses compagnons qui avaient accepté des postes ministériels et autres nominations, des pots de vin, pour renoncer à leur combat politique et adhérer au Parti Démocratique Gabonais, il est resté fidèle à ses convictions jusqu’au bout à une époque où la politique était une activité choisie par beaucoup d’opposants pour s’enrichir.
D’ailleurs il ne pardonna jamais à Mba Abessole qui renonça à la soutane, avant de convoler en juste noces et se lancer dans une cohabitation avec Omar Bongo.
A l’heure où le pays fait face à un réel déficit de véritables leaders de l’opposition, il est sans doute l’un des rares à avoir milité réellement pour la cause des Gabonais.
Il peut être considéré comme l’antithèse des prétendus opposants gabonais que compte le pays actuellement, car si l’Abbé Noël Ngwa se battait pour des valeurs nobles en défendant les intérêts du peuple, les leaders actuels sont notoirement connus pour avoir pratiqué la politique du ventre sous l’ère Omar Bongo. Ce qui leur a permis de grassement s’enrichir avant de se découvrir des gènes d’opposants. Confondant leur combat politique qui rime avec avantages perdus en lieu et place de lutte pour les intérêts du peuple, ces derniers s’érigent en trublions avec une condescendance qui ne dit pas son nom.