Portée sur les fonts baptismaux le 28 février dernier, le collectif du 20 décembre 2014, composé de personnalités de la société civile annonce le dépôt de plusieurs plaintes à l’encontre notamment du président de la République, le Premier ministre, les ministres de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice ainsi que le procureur près le tribunal de première instance de Libreville.
Les événements du 20 décembre 2014 n’ont pas fini de faire couler encre et salive. Les victimes des exactions et bavures policières continuent de ruminer leur colère et demandent réparation. A l’initiative du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) et du Conseil représentatif des associations noires au Gabon (Cran-Gabon), il a été créé, le 28 février dernier, «la chaîne nationale de solidarité du 20 décembre 2014 pour venir en aide aux familles des détenus et aux victimes elles-mêmes».
Dans une déclaration de circonstance, les leaders de la société civile interrogent : «Pourquoi le pouvoir a-t-il usé de violence pour interdire un meeting politique légalement autorisé, alors qu’il suffisait simplement d’accroître ou de renforcer les mesures de sécurité pour garantir le bon déroulement de la manifestation malgré les troubles hypothétiques qui furent annoncés ?», «pourquoi le pouvoir a-t-il abattu Mboulou Beka et les cinq autres personnes qui n’étaient pourtant pas les ennemis de la République ?», «pourquoi le pouvoir a-t-il maltraité et torturé les détenus dans les geôles, allant même jusqu’à sodomiser l’étudiant Ella Engonga Lionel ?», «Le peuple gabonais a-t-il donné mandat à ce pouvoir voyou et assassin pour qu’il le moleste, le torture, l’humilie et enfin le tue ?». Autant de questions formulées par les responsables de la société civile, qui disent attendre des réponses officielles. «Et pour les obtenir, les 101 détenus, leurs familles et la société civile libre du Gabon, en toutes ses composantes, se sont constitués en Collectif du 20 décembre 2014, ce 28 février 2015», ont-ils fait savoir.
Visiblement déterminés, le Collectif du 20 décembre 2014 n’entend pas s’en laisser conter. Ses leaders disent devoir saisir les tribunaux pour que justice soit rendue. «Devant la violation flagrante des libertés et des droits civils et politiques des citoyens gabonais par l’exécutif et le parti au pouvoir, le Collectif du 20 décembre 2014 annonce solennellement et publiquement qu’il porte plainte officiellement contre les présumés suivants : Ali Bongo Ondimba, chef de l’exécutif, Daniel Ona Ondo, chef du gouvernement, Guy-Bertrand Mapangou, ministre de l’Intérieur, Ernest Mpouho, ministre de la Défense nationale, Séraphin Moundounga, ministre de la Justice, Athanase Jules Nzamba Paga, commandant en chef de la police nationale, Jean Ekoua, commandant en chef de la gendarmerie nationale, Célestin Embinga, directeur général de la documentation et de l’immigration (Cedoc)».
Dans le même registre, une plainte pour tortures et sévices corporels sera formulée à l’encontre des personnes suivantes : le lieutenant de police Nguéma, le capitaine de police Omer Eligui ; le colonel de police Mbanza, et le commandant de police Frédéric Bongo Ondimba. Enfin, une troisième plainte concernera le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwe, pour abus de pouvoir et détention illégale et abusive de neuf personnes relaxées et jugées non coupables des faits qui leur étaient reprochés. Il s’agit de : Joseph Akoughe, Yohann Ngoye, Jean-François Obame Ngoulé, Joseph Etou, César Owono Nguémé, Guy-Léonce Ndong Obame et Joseph Minko mi Nang, tous de nationalité gabonaise, ainsi que Bello Phessol, de nationalité béninoise et Egwuonwu Ikechukwu, de nationalité nigériane.
Représentants de la société civile, les signataires de la déclaration solennelle du 28 février 2015 sont Marc Ona Essangui, secrétaire exécutif de Brainforest ; Aminata Ondo Mendogo, présidente du Front des Indignés ; Georges Mpaga, président du ROLBG ; Sosthène Nguema Nguema, président du Cran-Gabon, et Privat Ngomo, responsable général d’Akamayong.