Libreville, Gabon – René Ndémezo’Obiang, ancien baron du régime d’Omar Bongo Ondimba a dit adieu samedi au Parti démocratique gabonais (PDG au pouvoir) dont il était à la limite le plus grand propagandiste jusqu’à la mort de son président fondateur.
« Après une longue et profonde réflexion, j’ai donc pris ce samedi 28 février 2015 la décision historique de quitter définitivement le PDG », a déclaré M. Ndémezo’Obiang lors d’un point de presse, aux allures d’un meeting, à son domicile sis à Angondjé, au nord de Libreville.
En tournant la page du PDG, le fils de Bitam a automatiquement aussi rendu son tablier de député de ce parti pour sa ville natale en précisant avoir déposé le même jour, sa lettre de démission.
Comme Jean Ping, Jacques Adiahéno et Didjob Divungui Di Ndinge, l’ancien porte parole du gouvernement d’Omar Bongo a naturellement rejoint le Front Uni de l’opposition pour l’alternance (FUOA).
Pour l’ancien député du PDG, les frustrations découlant des « dysfonctionnements organisationnels notoires au sein de cette formation politique » ont motivé son départ. L’hiérarque faisait partie du comité permanent, une des trois instances dirigeantes du PDG devenues selon lui « des simples chambres d’enregistrement pour les monologues du président du parti ».
Les raisons de la démission
Pour mieux justifier les carences décriées, le natif de Bitam (nord) a pris en exemple les « dernières élections locales, et sénatoriales, au cours desquelles, des candidats ayant remporté brillamment les primaires, être écartés par le président du parti et remplacés par ceux qu’ils avaient régulièrement battu lors de la consultation interne ».
Dans la déclaration aux allures d’un réquisitoire froids adressé contre son ancienne formation politique dans laquelle il militait depuis plus de 30 ans, l’ancien ministre de la communication et des sports reproche également à son ancien président du parti et chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba « des engagements non tenus face aux attentes légitimes des populations dans les domaines essentiels tels que l’Education, la santé, le logement, la route, l’emploi, la vie chère etc. »
Anciennes éminence grise du courant des rénovateurs au sein du PDG, M. Ndémezo’Obiang a connu une traversée du désert depuis près de 5 ans. Nonobstant ses fonctions de député et de membre du comité permanent, il n’avait plus de poste officiel dans l’appareil étatique. L’ancien porte-parole des gouvernements d’Omar Bongo qui se sentait abandonné par son ami, regrette avoir soutenu la candidature de son ancien camarade de lutte devenu président de la République en 2009.
Selon lui, « Je demande humblement aujourd’hui à tout le peuple gabonais de me pardonner pour cette erreur d’appréciation ». L’improvisation et le pilotage à vue des projets réalisés dans le cadre du Plan stratégique gabonais émergent (PSGE) seraient d’après le dissident du PDG la marque de fabrique du pouvoir actuel.
La démission de René Ndemezo’Obiang du PDG intervient trois ans après son appel au dialogue avec « toutes les forces vives de la nation » le 24 août 2012 à Bitam. Des propos jugés graves et frondeurs à l’époque par le parti qui avait mis en débet l’ancien député. Une rencontre qu’il avait souhaité pour dit-il sortir le pays de la crise politico-sociale latente.
Le départ de René Ndémezo’Obiang n’a pas laissé insensible certains cadres du parti démocratique gabonais. Emmanuel Ondo Méthogo, membre du conseil des sages du PDG pour le compte du département du Ntem (Bitam) a souligné que« cette démission va laisser réellement un vide qu’il faut combler ».
Le combat du démissionnaire se focalise désormais pour la bataille de la présidentielle de 2016. Il dit œuvrer aux côtés de ses pairs pour la victoire de l’opposition. A cet effet, comme d’autres avant lui, René Ndémezo’Obiang a également appelé à une candidature unique de l’opposition pour s’assurer du triomphe de celle-ci.
Succédant à tour de rôle à la tribune pour adouber le nouveau venu dans l’opposition, Zacharie Myboto, président en exercice du Front, Jean Eyeghé Ndong, vice président de l’Union nationale (UN, opposition radicale) et Louis Gaston Mayila, président de l’Union pour la nouvelle République (UPNR, opposition modérée) ont appelé les uns et les autres à vaincre le tribalisme, élément culturel qui selon l’opposition alourdi la lutte politique.