Les premiers membres du bureau directeur du Conseil national de la démocratie ont été désignés, le jeudi 26 février 2015, à travers une élection organisée à l’Assemblée nationale.
Après la réhabilitation du Conseil national de la démocratie (CND) par le président de la République qui, le 4 février dernier, demandait sa mise en place avant la prochaine rentrée parlementaire, une nouvelle étape a été franchie, ce 26 février 2015, dans la marche vers le dialogue politique tant sollicité en vue de l’apaisement du climat social et politique au Gabon. L’élection des premiers membres du bureau de cette institution que le conseil des ministres du 20 septembre 2013 désignait comme le «cadre institutionnellement approprié et prévu pour le débat politique et pour la démocratie», a porté le président du Parti pour le développement et la solidarité sociale (PDS), Me Séraphin Ndaot Rembogo, à la tête de l’institution ressuscitée.
Violation de la loi et bouderie
Si Séraphin Ndaot a été élu avec 27 voix sur 43 votants, 16 bulletins blancs ou nuls ont tout de même été dénombrés dans un climat marqué par des discussions préalables ayant pris près de 4 heures. En effet, dans la salle de l’Assemblée nationale où se tenait cette élection présidée par Paul Mba Abessole, leader du Rassemblement pour le Gabon (RPG) et doyen d’âge de circonstance, certains membres du collège électoral tenaient, avant toute chose, à faire remarquer la violation de certaines dispositions de l’ordonnance n°001/PR/2015 du 29 janvier 2015 portant modification de certaines dispositions de la loi n°13/96 du 15 avril 1996 portant création du Conseil national de la démocratie.
Au cœur de la polémique, l’article 6 de l’ordonnance en question dispose que «la qualité de membre du bureau du CND est incompatible avec toute autre fonction publique». Aussi ceux qui soutenaient la candidature Me Louis Gaston Mayila ont relevé que celle de Séraphin Ndaot n’avait pas de raison d’être, l’homme ayant été nommé par décret à la tête de la Commission de concertation sur le Pacte social (CCPS) et aucun autre décret n’a abrogé cette nomination. Une argumentation absurde a pourtant fini par pousser Me Mayila à faire contre mauvaise fortune bon cœur et donc à retirer sa candidature. Les 16 bulletins nuls ou blancs sont donc à traduire comme le corollaire de l’état d’âme du président de l’UNPR et de ceux qui, au sein du collège électoral, le soutenaient.
Agora moderne
Séraphin Ndaot aura pour vice-président le Pr Jérôme Kwensi Mikala du Parti démocratique gabonais (PDG) et pour questeur Noël Borobo Epembia, président du Front pour l’unité nationale et le développement utilitaire (Fundu), ressuscité à cette occasion. Les deux hommes ont obtenu 100% des suffrages. Elu, Séraphin Ndaot a qualifié le CND d’agora moderne : «Nous disposons maintenant d’un espace d’écoute, de capacité d’écoute ; d’un espace de dialogue, de dialogue constructif ; d’un espace de concertation, de concertation féconde, d’échanges fructueux, d’une agora ouverte».
Organe consultatif permanent, le CND est chargé d’«élaborer un code de bonne conduite à l’usage des acteurs de la vie politique nationale, et d’assurer la médiation dans les conflits opposant les acteurs et les partis politiques entre eux». L’institution émet également des avis sur saisine du président de la République. Rayonnant, le tout nouveau président de l’institution a déclaré : «Aujourd’hui, on est bien loin de la coquille vide dont on parlait en 1996. Nous sommes dès lors en mesure d’assumer une ambition fort légitime».