Après une 10è édition de la Tropicale Amissa Bongo calamiteuse pour l’équipe du Gabon, le ministre des Sports pointe un doigt accusateur sur la Fédération gabonaise de cyclisme (Fegacy), conditionnant désormais le décaissement des subventions à la signature d’un contrat de performances.
Face à la presse, le 23 février à Libreville, le ministre de la Jeunesse et des Sports est longuement revenu sur les difficultés de la sélection nationale lors de 10e édition de la Tropicale Amissa Bongo, du 16 au 22 février dernier. «J’étais sur toutes les étapes pour m’imprégner des difficultés techniques et pratiques dans le cadre de l’organisation des compétitions, des championnats inter-coupe, inter ligue dans le cyclisme», a affirmé Blaise Louembé, félicitant au passage «les six cyclistes qui ont accepté de défendre les couleurs du Gabon dans des conditions difficiles : sans entrainement, sans compétition dans les jambes et surtout avec très peu de moyens».
De fait, le ministre de la Jeunesse et des Sports s’interroge sur les insuffisances de la sélection nationale de cyclisme. «Pourquoi dix ans après, l’équipe gabonaise n’arrive pas à avoir de bons résultats ? D’autant plus que la compétition se passe dans nos mûrs, que c’est nous fixons les dates et les conditions dans lesquelles cette compétition se déroule ?», a-t-il interrogé. Pour lui, l’explication se trouve dans une divergence de vues entre la Fédération gabonaise de cyclisme (Fegacy) et sa tutelle. La fédération soutient, en effet, qu’elle manque de moyens. «Ce qui est un peu redondant, car c’est le même discours depuis la première édition en 2005», a rétorqué Blaise Louembé, expliquant que la Fegacy ne dispose presque pas de ligues, comme l’exigent les textes. Sans oublier l’absence de championnats inter-ligues et interclubs, qui auraient dû permettre de faire de la détection avant de composer l’équipe nationale. A cela s’ajoute un problème de management. «Tout le monde connaît l’identité du sélectionneur national de football. Mais qui connaît celle du sélectionneur national de cyclisme ?», a-t-il questionné, avant de s’attarder sur l’aspect financier. «La fédération dit qu’elle n’a pas d’argent. Or nous avons constaté que les fédérations obtiennent des subventions de l’Etat mais il n’y a aucun programme associé à ces subventions», a-t-il soutenu.
En effet, à en croire le ministre de la Jeunesse et des Sports, 28 millions de francs ont été décaissés en 2014, contre 20 millions en 2013, pour l’organisation du championnat national. Et dans la perspective de la Tropicale Amissa Bongo, 78 millions ont été versés à la Fegacy contre 64 millions en 2013. Ainsi la Fegacy a obtenu en 2013, aussi bien pour les compétitions nationales qu’internationales, 164 millions de francs. Et comme en 2014, la condition était de produire un programme d’activités, elle n’a obtenu que 78 millions pour la préparation à la Tropicale Amissa Bongo et 28 millions pour le championnat national, soit 106 millions de francs. A cette enveloppe s’ajoute 129 millions de francs au titre des équipements. Au total, la Fegacy a donc obtenu de l’Etat, en 2014, 235 millions de francs. Une somme qui aurait pu aider à la mise en place de cinq ligues ou pôles de formation à travers le pays : Woleu-Ntem-Ogooué Ivindo, Estuaire-Moyen Ogooué, Haut-Ogooué-Ogooué Lolo, Ngounié-Nyanga et Ogooué Maritime.
Pour couronner le tout, deux entraineurs internationaux ont été recrutés pour former les formateurs afin de résoudre le problème d’encadrement. «Mais (…) nous avons accusé une fin de non recevoir de la fédération, sous prétexte que ces techniciens étaient incompétents. Ils sont arrivés en octobre mais sont rentrés il y a quelques jours, car ils n’ont pas trouvé un terrain d’entente avec la Fegacy», a déploré Blaise Louembé, avant d’annoncer que la subvention de l’Etat sera désormais subordonnée à la présentation au gouvernement d’un programme d’activités. En conséquence, un contrat d’objectifs et de performances sera signé incessamment entre la Fegacy et le ministère des Sports. L’Etat exige «donc la mise en place de programmes en contrepartie des financements, avec un accent particulier sur la sélection nationale afin de doter cette dernière d’un entraineur de haut niveau, capable de fournir des résultats dans l’immédiat. Et de regarder dans quelle mesure des écoles internationales peuvent recevoir nos cyclistes», a conclu Blaise Louembé.