Face à l’enlisement de la grève observée depuis quelques mois, l’opinion craint que l’année scolaire en cours ne remplisse plus les conditions de validité.
Dans une récente lettre ouverte adressée aux enseignants, la Confédération nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) a explicitement indiqué qu’«on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs». Pour la plateforme syndicale, il s’agit de se montrer ferme devant les «promesses accumulées non tenues» du gouvernement, notamment la revalorisation des salaires et le paiement de la Prime d’incitation à la performance (PIP). Si les appels à la modération des parents d’élèves et les nombreuses rencontres initiées par le ministère de l’Education nationale n’y ont rien fait jusque-là, il semble évident que l’on se dirige inexorablement vers une année blanche. Et pour cause, depuis plusieurs semaines, les enseignants des établissements scolaires publics et privés ont cessé de dispenser les cours suite à l’ordre donné par la base syndicale, qui l’a par ailleurs réitéré le 21 février dernier au terme d’une assemblée générale.
Pour de nombreux parents, forts de ce que les examens scolaires ont habituellement lieu au mois de juin, la grève actuelle n’augure rien de bon. D’aucuns craignent déjà un fort taux d’échec et accusent les enseignants de faire dans la surenchère. Une accusation que rejette vivement la Conasysed, qui pointe du doigt la contradiction et le jeu de la patate chaude entre le ministère de tutelle et celui du Budget. «Le ministre du Budget affirme que son collègue de l’Education nationale n’a pas encore envoyé les listes pour la PIP, tandis que le ministre Reteno tente à travers un communiqué de rétorquer le contraire», fait constater la Conasysed, avant de s’interroger : «Qui est le vrai bourreau des jeunes Gabonais ?»
De l’avis de plusieurs enseignants, si le spectre de l’année blanche est brandi une nouvelle fois, c’est parce que le gouvernement ne montre aucune volonté de faire changer les choses. Aussi, appellent-ils les uns et les autres à faire front à l’exemple de «la mobilisation historique» de 2008-2009. A leurs yeux, il y a lieu de se mobiliser pour parvenir à une réponse favorable à leurs principales revendications, «d’ici à la fin du mois de mars». Pour l’heure, aucun mot d’ordre en faveur de la reprise des cours n’a été donné au retour des vacances intermédiaires. Et le statu quo devrait demeurer jusqu’à satisfaction complète. Le gouvernement va-t-il une nouvelle fois appeler à l’intégration de nouveaux enseignants expatriés pour tenter de sauver l’année ou devrait-il annoncer, dans les jours qui viennent, des mesures en faveur du rétablissement de la situation ?