Le défi sécuritaire est énorme pour l'Afrique qui fait face à des rebellions et groupes terroristes comme Aqmi, Ançar Dine, Mujao, Boko Haram, Etat islamique, Shebab… qui sont en train de déstabiliser bien des pays.
"Sans sécurité, il n'y a pas de développement", a réaffirmé le président malien Ibrahim Boubacar Kéïta à la cérémonie d'ouverture du 15e Forum de Bamako (19-22 février 2015).
Son pays, le Mali illustre cette vérité, selon les observateurs. Ce pays est en effet en proie à l’insécurité avec l’éclatement de la rébellion touareg en janvier 2012, suivi de l’occupation des régions du nord (Tombouctou, Gao et Kidal) par des organisations terroristes après le putsch du 22 mars 2012.
Conséquences : "presque que tous les grands projets de développement et des investissements au Mali sont mis en veilleuse", relève Modibo Diarra, un cadre du ministère malien des Investissements.
Même si les organisations terroristes disent se battre pour l'islam, personne n'est dupe. "La religion n'est qu'un prétexte pour ces criminels", dénonce un maire de la région de Tombouctou qui ne souhaite pas être nommé.
Pendant l'occupation du nord du Mali, a-t-il noté, "les supposés jihadistes ont transgressé tous les interdits de l’islam comme le vol, l’adultère, l’alcool… Ce sont seulement des mercenaires au service des trafiquants d’armes et de drogues", a-t-il dénoncé.
Face à ce phénomène qui est en train d’hypothéquer l’émergence espérée par les peuples africains, des voix s'élèvent pour réclamer l’unité d’action.
C'est ainsi que le Tchad et le Niger sont engagés aux côtés du Nigeria et qu’une force africaine est en gestation sous l’égide de l’Union africaine et des Nations unies, pour combattre Boko Haram.
Cette mutualisation des moyens de sécurité en Afrique "est une nécessité incontournable", a souligné le président malien.
Mais, pour de nombreux observateurs, cette stratégie va vite démontrer ses limites. "L’Union africaine est encore loin du compte. Le terrorisme actuel, à base d’idéologie religieuse, ayant prospéré chez des populations analphabètes et étant entretenu par un substrat politique, demeure atypique et ne saurait être combattu de façon conventionnelle", a estimé M.Alexis Kalambry, consultant sur les questions de sécurité dans la bande sahélo-saharienne.
Une position partagée par Hamady Tamba, chroniqueur indépendant et spécialiste des questions de sécurité. Il a rappellé que "le terrorisme en Afrique est née sur le terreau fertile de l’ignorance, de l’injustice et de la volonté des dirigeants de maintenir les peuples dans des situations sans perspective". "Celui qui n’a rien à perdre est prêt à tout et est capable de tout risquer", a-t-il ajouté.
Il est rejoint sur ce point par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui rappelait aux dirigeants de l’UA réunis en janvier dernier à Addis-Abeba que la force militaire ne serait sans doute pas "l’unique solution… Il faudrait s’attaquer aux origines profondes de la propagation de cet extrémisme violent".
A ce sujet, les présidents Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Faure Gnassingbé du Togo avaient préconisé récemment, à Abidjan, le "développement économique" comme le meilleur antidote au "terrorisme" qui agite le continent.
"Le développement est la meilleure réponse au phénomène. Il faut donner à la jeunesse du continent une autre alternative que de confier leur destin à des criminels. Il faut leur donner l'opportunité de réaliser leurs rêves en luttant contre le chômage et la pauvreté", pense Hamady Tamba.
Et, "c'est en cela que l’aide de la Chine peut être précieuse pour aider l’Afrique à gagner le pari sécuritaire", a-t-il indiqué. "En soutenant l’émergence économique du continent, la Chine apporte à l’Afrique la plus efficace des contributions contre l’extrémisme qui conduit au terrorisme, donc à l’insécurité", a-t-il estimé.
Un diplomate africain en poste à Bamako a défendu le même point de vue en affirmant que "la Chine est le seul vrai allié du développement de l’Afrique…Les Chinois sont pragmatiques dans leur approche partenariale en investissant dans les infrastructures pour le développement" et dans "des secteurs qui peuvent réellement booster la croissance économique comme l’agriculture, les mines, l’industrie". Sans compter que, ont noté les experts consultés, les bourses d’études et de formation qu’elle accorde aux jeunes Africains ne cessent de croître. Le transfert de technologies aidant, la Chine prépare ainsi la jeunesse africaine à forger le développement du continent, selon leurs conclusions.