Selon le service de la communication de la présidence de la république gabonaise,en marge du Sommet de l’Élysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique, organisé par la France les 6 et 7 décembre 2013 en présence d’une quarantaine de chefs d’État africains, une réunion de haut niveau consacrée à la protection des espèces menacées a été organisée dans les locaux de l’Hôtel de la Marine. La France et le Gabon y ont annoncé la conclusion d’un accord de financement de 10 millions d’euros pour renforcer la lutte contre le trafic d’ivoire au Gabon.
Organisée par Nicolas Hulot, envoyé spécial du président François Hollande pour la protection de la planète, et Philippe Martin, ministre français de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, cette table ronde avait pour objectif d’accorder les dirigeants présents sur les moyens d’action à mettre en œuvre les effets terribles du braconnage sur les espèces menacées.
10 millions d’euros pour accompagner le Gabon dans la lutte contre le trafic d’ivoire.
Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a annoncé à cette occasion la conclusion d’un accord de financement avec la partie française portant sur 10 millions d’euros. « Ce projet vise à réduire considérablement le braconnage de l’éléphant sur le territoire gabonais, en apportant un appui financier aux institutions nationales chargées de faire face à cette question. Il s’agit là d’un appui considérable de la France aux efforts du Gabon », a notamment affirmé le président gabonais.
Ali Bongo Ondimba a par ailleurs affirmé que les crimes fauniques sont aujourd’hui une des causes majeures des troubles qui minent la stabilité de l’Afrique : « On estime la valeur du trafic illicite des produits de la faune à 8 milliards d’euros par an. La pêche intensive non déclarée et non réglementée, qui touche particulièrement la côte ouest de l’Afrique, génère un chiffre d’affaire de près de 7,5 milliards d’euros par an. En plus, des bateaux de pêche illégaux sont de plus en plus impliqués dans la piraterie et le terrorisme. Si on y ajoute le commerce illégal du bois, qui représente un volume d’échanges d’environ 5 milliards d’euros par an, les différents réseaux de criminalité fauniqueet forestière totalisent annuellement des flux de transactions de près de 20 milliards d’euros et comptent désormais parmi les cinq plus grands réseaux de commerce illicite, à côté du trafic des stupéfiants, des êtres humains, des produits de contrefaçon et des armes ».
Combattre le grand braconnage
Le Gabon fait face en effet à une importante recrudescence du braconnage de l’éléphant. Selon le Pr Lee White, Secrétaire exécutif de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), le Gabon est connu comme un pays stable pour les populations d'éléphants de forêt. Pourtant, la chasse a fortement augmenté dans la dernière décennie : « Nos équipes de terrain nous rapportent des statistiques hallucinantes. Nous avons perdu près de 19.000 éléphants en 10 ans. Au parc national de Minkébé, c’est 50 éléphants par jour qui sont abattus par les braconniers. L’ivoire est acheminé vers les marchés étrangers », révèle-t-il.
Un signal majeur
Pour faire face à cette crise, le gouvernement gabonais a déployé des efforts supplémentaires pour appuyer le travail de l’ANPN sur le terrain. L’armée a été mise à contribution pour sécuriser les zones transfrontalières et un détachement de la gendarmerie nationale a été affecté à l’ANPN. Selon le Pr Lee White, l’appui de la France va être décisif dans la mobilisation des rapports de forces contre les réseaux assurant la criminalité faunique : « Cet accord de financement avec la France vient compléter un dispositif financier qui a été engagé par le gouvernement gabonais pour assurer la protection et la gestion durable de chaque centimètre carré de nos parcs nationaux. Il s’agit d’appuyer les institutions qui sont au front dans ce combat, en leur donnant les moyens de sécuriser nos sites, nos espèces emblématiques et notre conception de la conservation. Mais c’est aussi un signal majeur que la France envoie à la communauté internationale : les pays africains ont besoin d’appui technique et financier pour mener ce combat ».