Intervenant à la télévision le 4 décembre dans un contexte marqué par le déferlement des lycéens et collégiens dans les rues, Alain-Claude Billie By Nzé, Porte-parole de la Présidence, a annoncé, outre la suspension des réformes querellées, la mise en place du Conseil national de l’éducation, de la formation et de la recherche. Cette solution n’est pourtant pas sortie du chapeau d’un prestidigitateur ou de la réflexion d’urgence d’un comité de crise, ainsi qu’on a pu le penser. Le Conseil national de l’éducation, de la formation et de la recherche est, en effet, une entité consacrée par les dispositions de la loi n°21/2011 du 14 février 2012 portant Orientation générale de l’Education, de la Formation et de la Recherche.
Cette loi stipule que «l’Organisation académique et scientifique nationale des secteurs éducation, formation et recherche est du ressort du CNEFOR» qui est par ailleurs «la plus haute instance en matière d’éducation, de formation et de recherche», «placée sous l’autorité du Président de la République, chef de l’Etat, qui en assure la présidence». Le même texte indique que le «CNEFOR a pour mission d’évaluer la mise en œuvre des offres de formation, des projets d’infrastructures et d’équipements, dans l’enseignement, la formation et la recherche, au moyen de bilans d’étapes, aux fins d’apporter des réajustements nécessaires visant une plus grande efficacité des actions éducatives et de recherche».
Dans ce contexte, le CNEFOR est composé du président de la République chef de l’Etat ou de son Représentant, jouant le rôle de président, du Premier ministre (vice-président du CNEFOR) et des membres. Ceux-ci sont constitués du ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et Technique, du ministre de la Santé, du ministre des Affaires Sociale, du ministre des Eaux et forêts, du ministre de la Défense nationale, du ministre de l’Economie, du ministre de l’Agriculture, de la Pêche, entre autres. L’entité, selon la loi qui la crée, est censée se réunir une fois par an en session ordinaire (Assemblée générale) et peut être convoqué en session extraordinaire, ainsi qu’il en est le cas avec l’annonce du Porte-parole de la Présidence de la République, le 4 décembre.
La loi étant de portée générale le ministre de l’Education nationale a dû prendre, le 28 octobre 2013, un texte d’application relatif au fonctionnement du CNEFOR. Il s’agit du décret 0860/MENESTFPRSCJS relatif à l’organisation et au fonctionnement de ce Conseil. Outre les membres de droit, le texte prévoit d’autres membres autorisés à prendre part à ses travaux. Y prennent donc part également, avec voix consultatives, les représentants des collectivités locales désignés par leurs pairs de façon rotatives, de la Chambre de commerce, du patronat désignés par leurs syndicats, des syndicats du secteur de l’Enseignement, de la Formation et de la Recherche, choisis par leurs syndicats de façon rotative, des parents d’apprenants désignés par leurs associations de façon rotative, le président du Comité scientifique d’Assurance qualité et des participants désignés à la discrétion du Président de la République.
Si jusqu’ici il n’y était pas question de la présence des apprenants, il est à comprendre que ceux-ci sont les invités du Président de la République, puisqu’Alain-Claude Billie By Nzé a indiqué que les apprenants y seront représentés. On se demande d’ailleurs ce que ferait un bambin dans une telle commission et que pourra-t-il y faire comme proposition. Doit-on imaginer que les enfants devront désormais décider de quelle manière ils doivent être éduqués ?
Le texte d’application explique l’Assemblée générale du CNEFOR, géré au quotidien par le Secrétariat scientifique, est «l’instance de délibération et d’orientation». En ce sens, elle se réunit sur convocation du Président en session ordinaire ou en session extraordinaire. Et ses travaux font l’objet d’un rapport adressé au ministre chargé du secteur éducation qui le transmet au gouvernement pour décision. «Ce rapport est également transmis aux Chambres du parlement et au Conseil économique et social pour information», note le texte. Alors qu’on déplorait que les décisions annoncées par Billie By Nzé aient été prises sans la participation du gouvernement dont l’essentiel des membres se trouvait dans l’arrière-pays pour le lancement de la campagne électorale, on comprend donc mieux les choses : le dispositif préexistait à la crise du secteur éducatif et bien d’autres entités ont été associées à sa gestation.
Toutefois, dans le contexte post-crise des quinze derniers jours, doit-on penser que cette entité va abolir toutes les décisions des états généraux de l’éducation ? Le CNEFOR a en tout cas du pain sur la planche.
Comme on peut le voir, voilà l’instrument récemment annoncé par le Chef de l’Etat gabonais en vue d’apporter des solutions aux problèmes du secteur éducation, formation et recherche. Maintenant, il ne reste plus qu’il soit activé afin que les choses soient définitivement tirées au clair et pour que tout le monde (autorités du pays, parents d’élèves, élèves, enseignants, etc.) puisse tirer son épingle du jeu.