Mathias Otounga : «Ni sourd, ni aveugle, je vois et j’entends les rumeurs» #aLibreville

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Mathias Otounga : «Ni sourd, ni aveugle, je vois et j’entends les rumeurs»

Publié le samedi 7 decembre 2013 | Gabon Review

© Autre presse par DR
Mathias Otounga Ossibadjouo, 2è directeur adjoint du cabinet du président de la République et tête de liste du Parti démocratique gabonais pour la commune d’Okondja

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Elections locales

Interrogé par Gabonreview, l’actuel 2è directeur adjoint du cabinet du président de la République, Mathias Otounga Ossibadjouo, tête de liste du Parti démocratique gabonais pour la commune d’Okondja (à 800 km de Libreville), a été amené à brosser les contours des fameuses dissensions qui déchireraient sa famille politique, à la veille du processus électoral en cours.

Vous briguez la mairie d’Okondja, peut-être au détriment du votre poste actuel à la présidence de la République. Pourquoi ce choix ?

C’est pour moi un sentiment de grande responsabilité. Car, lorsqu’une illustre autorité comme le président de la République, Ali Bongo Ondimba, daigne choisir un microbe comme moi, qui n’a fait que des études approximatives, qui n’a pas un grand compte en banque, comme porteur d’ambition dans une ville d’intellectuels et de nababs comme Okondja, au début on le prend avec beaucoup d’appréhension et après, on se dit : le président de la République est l’homme le mieux informé du pays, donc à priori, il ne peut pas s’être trompé.

Le poste de directeur de cabinet, de maire, de ministre ne vise qu’une seule chose, être un outil d’aide à la décision du chef de l’Etat. Et je ne suis que 2e adjoint du directeur de cabinet. Cela dit, la fonction du directeur de cabinet consiste à apporter au président des compléments pour affiner ses décisions. Donc le fait qu’un directeur de cabinet ou l’un de ses adjoints brigue la mairie ne peut pas paraître incompatible. Car, être au cœur d’une municipalité, c’est être au cœur des problèmes de la population, donc c’est une assurance que ces problèmes des populations locales pourraient être facilement relayés au sommet.

Ancien directeur de cabinet de Paul Toungui, vous êtes aujourd’hui le candidat ayant été plébiscité aux primaires du parti aux dépens de ce cadre de votre parti. Ne craignez-vous pas qu’il ne vous soutienne pas dans cette bataille électorale, afin de démontrer sa toute puissance à Okondja, mais également l’erreur de casting du «distingué camarade» à votre sujet ?

Nous ne nous sommes pas opposés. Nous avons fait l’exercice de la démocratie intérieure au parti, le camarade Paul Toungui et moi, nous avons tous les deux étés candidats à la candidature pour conduire la liste PDG à Okondja. Nous avons subi l’épreuve des primaires au sein du parti.

Pour ce qui est de savoir ce qu’il fera pour m’aider dans cette tâche, ça c’est une question qu’on aurait posé à monsieur Paul Toungui. Mais en ce qui me concerne, le camarade Paul Toungui est, comme moi, militant du PDG. Mais c’est beaucoup plus que cela, Paul Toungui a été mon professeur à l’Université, ensuite j’ai été son directeur de cabinet pendant longtemps et enfin c’est un parent. Mais ici on parle de camaraderie et non de lien de parenté. Paul Toungui et moi nous sommes militants du PDG et je pense qu’il va comme tous les autres, sinon mieux que les autres camarades, faire campagne pour la victoire du PDG à Okondja.

Comment arrivez-vous à gérer les frustrations et la crise interne au PDG, nées de la nouvelle distribution des rôles par le dernier congrès mais aussi après le choix porté sur vous par le distingué camarade Ali Bongo Ondimba pour conduire la liste PDG d’Okondja ?

Je ne comprends pas qu’on parle de division après le dernier congrès du PDG. Un congrès de parti c’est le moment où le parti procède, entre autres, au renouvellement de ses élites et ce qui s’est passé est une procédure naturelle au sein du parti. Il y a des aînés qui ont fait leurs preuves, qui ont conduit le parti jusqu’au dernier congrès et qui ont reçu d’autres missions. Il y a une classe nouvelle qui est arrivée aux affaires qui se veut proactive, mais cela ne veut pas dire qu’on voue les anciens aux gémonies. Le président du parti a dit qu’il fallait allier la fidélité des femmes au dynamisme des jeunes et à la sagesse des anciens pour que le parti soit fort. Et pour illustrer cette ambition, le parti a créé une instance de réflexion qui s’appelle le Conseil consultatif des sages. Les anciens qui ont fait leur preuve ont intégré cette structure. Je suis un militant discipliné et je ne peux pas croire que des militants de cette trempe puissent naviguer à contre-courant des directives de leur parti.

Si, comme vous le dites, il n’existe ni division interne ni frustrations au sein du PDG, comment expliquez vous la présence de tendances, «PDG-dur et PDG-émergent» au sein de votre famille politique ?

Le PDG c’est le parti démocratique gabonais et au sein de ce parti nous pratiquons la démocratie naturellement. La démocratie c’est l’échange de vues, la confrontation des idées. Nous sommes tous des hommes libres, nous sommes également des hommes liés par les idéaux du parti. Je n’ai pas souvenance de l’existence de deux bords, de trois bords ou de cinq bords. Je pense plutôt, comme le président du parti l’a si bien dit, qu’au sein du PDG on retrouve un peu l’organisation sociale du pays, composée de trois grandes classes, les femmes, les jeunes et les anciens. C’est pour cela qu’il a d’ailleurs souhaité qu’il y ait des quotas dans les listes à raison de 30% pour les jeunes et 30% pour les femmes. Et nous, au sein de la liste PDG-Okondja, nous avons respecté ce quota.

Le secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, a récemment effectué une tournée dans les chefs-lieux des provinces. A quoi a servi cet exercice si ce n’est pas pour ramener la cohésion, avant le marathon électoral, au sein de la grande maison laissée par Omar Bongo ?

Vous savez, un parti c’est une structure, une association qui a besoin de recevoir régulièrement la visite de celui qui la dirige. Le secrétaire général a fait là une tournée normale en temps pareil. On va vers les élections, c’est tout à fait normal qu’il fasse le tour des casernes pour galvaniser le moral des troupes. Ce n’est pas le temps pour dénoncer l’absence d’une cohésion interne au parti. Mais c’est plus tôt pour mettre les militants en ordre de bataille face à la multiplicité d’autres listes adverses.

Hier certains barons du PDG dont on ne citerait pas les noms étaient avec vous. Aujourd’hui, selon certaines sources, ils se seraient retournés contre vous. Comment contourner cette adversité ?

Non, ils ne sont pas contre moi, mais juste dans un positionnement en face de moi. Ce n’est pas ma personne qui les dérange. Nous avons certainement des nuances au niveau de notre volonté commune de développer Okondja. Vous savez, même si vous avez les mêmes objectifs, vous n’avez pas forcément les mêmes idées pour atteindre ces objectifs. Chacun peut aller de son côté. Il faut noter que tous ceux qui sont en face de moi sont mes cadets en âge et en relation familiale. N’en déplaisent aux journaux qui disent le contraire, tous à Okondja nous sommes parentés. Rares sont ceux de la génération actuelle d’Okondja qui peuvent dire, je suis de tel clan à 100%. Ceux qui sont en face de moi sont des cadets qui font l’expérience de l’action politique et certainement ils vont, demain, prendre la relève comme moi aujourd’hui. J’ai eu le privilège de remplacer un ainé qui a été pendant longtemps mon maître à penser.

Je ne suis ni sourd, ni aveugle, je vois et j’entends les rumeurs. Mais vous et moi nous savons que les rumeurs sont des rumeurs. Moi je voudrai faire le Saint-Thomas. Pour moi les élections municipales sont des élections pratiques, elles ne sont ne pas très politiques. Quand vous êtes élu au Senat où à l’Assemblée, vous allez faire du bruit à Libreville. Mais quand vous êtes élu à l’assemblée départementale ou au conseil municipal c’est pour poser des actes dans l’intérêt des citoyens de base. Comme, en discutant avec les uns et les autres, nous avons souvent une convergence de vue sur la nécessité de développer d’avantage Okondja, j’ai du mal à croire qu’on ne puisse pas regarder dans la même direction. Si nous sommes des militants disciplinés, et nous le sommes tous, il n’y a pas de raison qu’on regarde à côté.

Au sein du parti il y a ce qu’on appelle la dictature du parti, c’est-à-dire qu’avant que le parti n’adopte une position, il y a une discussion ouverte à l’intérieur où chacun exprime sa position. Et une fois que chacun d’entre nous a manifesté sa position, se dégage la position du parti. Donc que j’aie été pour ou contre la position du parti, mon devoir de militant m’impose de respecter cette décision. Je pense qu’eux et moi sommes astreints au respect des décisions du parti. Il n’y a donc pas de raison que nous ne travaillons pas tous pour la victoire du parti.

Quelles sont vos chances à Okandja ? Etes-vous sûr d’en remporter la mairie ?

Non je ne suis pas sûr de remporter ces élections, mais je suis certain que le PDG va gagner. Pourquoi cette certitude ? Parce que le PDG est majoritaire à Okondja, et le PDG a toujours remporté tous les sièges de députés, de sénateurs, tous les conseils. Je ne vois pas d’événement qui surviendra et fera en sorte que cette situation soit remise en cause.

Si vous êtes Maire d’Okondja que ferez-vous pour sa population ?

Il y a beaucoup à faire. Mais une fois élu à Okondja sous la bannière du PDG, nous allons traduire dans les faits, au plan local, le PSGE qui se décline en Gabon vert, Gabon des services et Gabon industriel. Nous avons 10 engagements que nous promettons de réaliser. Notamment, la construction d’un cimetière municipal, la création d’un parc d’attraction pour nos enfants, le ramassage des ordures, la création du transport urbain, l’initiation d’un périmètre maraîcher à Atsia, la création d’une bibliothèque municipale…

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