L'un des principaux opposants gabonais, Jean Ping, a été entendu lundi par la police judiciaire suite à l'attaque de son domicile par une bande de jeunes le 12 janvier, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les policiers "m'ont entendu suite à la plainte que j'ai déposée après l'attaque de mon domicile", a déclaré M. Ping en sortant des locaux de la PJ, où il a été interrogé pendant plusieurs heures lundi après-midi.
Plusieurs centaines de partisans l'avaient accompagné, et l'ont attendu jusqu'à sa sortie en début de soirée.
La semaine dernière, le domicile de l'opposant avait été attaqué par "plusieurs centaines de jeunes, environ trois à quatre cents, (...) complètement déchaînés comme une horde de bêtes féroces", selon ses dires.
Le parquet de Libreville a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête judiciaire visant à la fois les jeunes pour "dégradations de biens", mais aussi Jean Ping, qu'il a accusé d'avoir "voulu se faire justice lui-même".
Il pourrait être poursuivi pour avoir "fait arrêter les jeunes en les conduisant dans sa concession, tout en leur infligeant des traitements dégradants et humiliants", après avoir "refusé de les remettre à la disposition de la police judiciaire", selon le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé.
Lors d'une conférence de presse précédant son audition, Jean Ping a réagi en accusant "le pouvoir d'instrumentaliser la police et la justice pour intimider" l'opposition.
"Au lieu d’inquiéter les hors-la-loi qui courent toujours en toute impunité (...), le procureur de la République ne trouve rien d’autre à faire que de s’en prendre à la victime que je suis, j’ai subi un grave préjudice" s'est-il insurgé.
La situation politique est tendue au Gabon depuis plusieurs mois. Le 20 décembre, une manifestation interdite de l'opposition, qui réclame le départ du président Ali Bongo, avait donné lieu à de violents heurts entre opposants et forces de l'ordre.
Le bilan officiel de la manifestation fait état d'un mort, alors que l'opposition en compte six. Ces chiffres restent impossibles à vérifier de source indépendante.
Une centaine de personnes avaient été arrêtées ce jour-là pour "troubles à l'ordre public" et ont quasiment toutes été relaxées depuis, faute de preuves.