« Nul ne sera soumis à la torture… » Selon l’article 5 de la constitution, a affirmé Sidonie Flore Ouwé qui compte poursuivre en justice la bande qui a semé le désordre chez Jean Ping ainsi que les personnes qui ont aidé ce dernier à saisir les agresseurs.
Les jeunes qui ont pris d’assaut le domicile de Jean Ping, ancien ministre des affaires étrangères sous Omar Bongo et actuel leader politique, seront poursuivis par la justice mais le ministère public poursuivra aussi les personnes qui ont « torturé ces jeunes » ainsi que l’ancien président de la commission de l’Union Africaine lui-même s’il en fait parti. C’est la décision livrée à la presse nationale et internationale jeudi en fin d’après-midi par Sidonie Flore Ouwé, le procureur de la République dans un hôtel de Libreville. Pour la patronne du parquet : « lorsque des jeunes compatriotes s’organisent à se faire justice eux-mêmes, c’est dangereux pour la République. Lorsqu’un homme politique qui a occupé de hautes fonctions publiques…utilise les mêmes moyens pour donner une réponse à un fait pourtant prévu et puni par la Loi, c’est l’Etat qui est en danger ».
Les faits. Un groupe de jeunes s’est rendu le lundi 12 en matinée chez Jean Ping pour avoir des informations sur leurs parents et amis incarcérés suite aux événements de Rio en décembre dernier mais aussi pour réclamer l’argent que Jean Ping leur aurait promis pour participer à ce meeting qui avait mis la capitale gabonaise en ébullition. Selon le procureur, ces jeunes exigeaient Jean Ping comme interlocuteur. Confrontés au refus de ce dernier qui ne voulait pas sortir de sa résidence « selon ses gardiens, les jeunes se mirent à jeter des bouteilles et des cailloux…sur la barrière… ». Ensuite, en présence des policiers, le groupe s’est rendu chez Pierre Amoughe Mba membre du front uni de l’opposition qui a accepté de discuter avec les jeunes et leurs a rassuré sur la prise en charge judiciaire des détenus. Ces jeunes seraient rentrés chez eux sans heurt.
Vers neuf heures, a affirmé Sidonie Flore Ouwé, elle a été contactée au téléphone par Jean Ping qui lui informa de la présence du groupe chez lui : « j’instruisais à la police judiciaire de se rendre sans délais sur le terrain… ».
Durant le point de presse, un journaliste ,présent sur les lieux lundi, a demandé au procureur si le parquet prenait en compte les aveux de plusieurs jeunes qui ont dit avoir été contacté pour participer à un meeting du PDG, parti démocratique gabonais au pouvoir, pour une somme de 5000 FCFA. Sidonie Flore Ouwé a dit qu’elle ne considérerait pas ces déclarations car les jeunes s’étaient exprimés sous la torture et interrogés par des personnes non mandatées. Enfin elle a encore précisé que ces personnes seront poursuivies car nul n’a le droit de se faire justice.