Dans une déclaration consécutive aux actes de vandalismes perpétrés à son domicile, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine indexe clairement le président de la République à qui il rappelle quelques principes de base.
Quarante-huit heures après les actes de vandalisme perpétrés à son domicile, Jean Ping a rendu publique une déclaration dans laquelle il affirme d’entrée que «sous la houlette de certains cadres de ce régime dont Hervé Opiangah, homme de main du président, une horde de vandales s’est permis d’attaquer et saccager une partie de mon domicile». Pour lui, ces «bassesses immondes» ne sauront éteindre le feu de ses convictions. «A contrario, elles le rendront plus vif, plus valeureux», souligne-t-il. A la lecture de cette déclaration, il ressort que l’ancien président de la Commission de l’Union africaine s’en prend clairement au président de la République : «Vous ne souillerez pas les valeurs de ce merveilleux pays, qui vous échappe, en polluant et viciant les valeurs de la République gabonaise et les principes même de la démocratie qu’étrangement vous défendiez à Paris lors de la marche de soutien aux victimes des attentats», affirme-t-il.
Une allusion claire et nette à la participation d’Ali Bongo à la marche de soutien à la liberté d’expression en réponse aux attentats contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Et Jean Ping de dénoncer l’instrumentalisation de la jeunesse. «Immense est ma peine lorsque que je vois que du haut de vos pyramides sans sommets, vous ne trouviez comme unique procédé que de mettre au service de vos ignobles intérêts, une jeunesse que vous méprisez, puis condamnez vous-même à la misère», fustige-t-il, avant d’ajouter : «Quel désaveu terrible ! Vous profanez votre propre peuple. C’est une nouvelle fois la mise en lumière de votre criante inaptitude à ne savoir diriger autrement que dans le silence, le fer et le feu. Vous ne pouvez pas salir mes idéaux de paix et de démocratie, en saccageant la maison qui a vu grandir mes enfants. Vous ne répondrez jamais du cri d’alarme du peuple gabonais par la violence et la terreur».
Ancien ministre des Affaires étrangères passé à l’opposition, Jean Ping conclut sa diatribe par un appel assez poignant à Ali Bongo : «Avant de soigner le malheur des autres, guérissez les plaies sociales qui gisent sous vos yeux. On ne dénonce pas le terrorisme à Paris lorsque tous les jours au Gabon, vous faites germer les fruits de la division et de la peur. Le peuple n’est peuple que lorsqu’il est libre. Ne vous a-t-on pas appris cela à la marche de Paris ?» Une déclaration qui devrait certainement faire réagir la majorité, qui s’est déjà immiscée dans cette affaire en accusant Jean Ping d’avoir séquestré un agent secret en mission lors de l’interpellation des vandales à son domicile.