Au plus fort de sa contestation, avec pour revendication principale la démission de l’actuel président de la République et de son équipe, et ce, avant 2016, l’on serait bien curieux de voir, si dans le meilleur des mondes, ce vœu était exaucé, qui composerait l’équipe gouvernementale du Front uni de l’opposition pour l’alternance…
Si le Fuopa devait composer instamment une équipe pour remplacer Ali Bongo et son gouvernement à la tête du pays, qui pourrait-on y retrouver et à quel poste ?
Président de la République : Jean Ping
Bien entendu, on ne saurait parler des principales têtes d’affiche de cette équipe dirigeante sans donner le nom de celui qui serait à la tête du pays : Jean Ping.
Coqueluche du Front uni, il ne fait aucun doute que l’ancien président de la commission de l’Union africaine (UA), serait le président de la République.
La signature d’un retour en arrière pour le pays quand on sait que tout au long de son mandat à l’UA, Ping était considéré comme un béni oui-oui de la Françafrique et un porteur d’affaires pour les businessmen chinois à qui il offrait son carnet d’adresses et ouvrait les portes des palais présidentiels des capitales africaines.
A son actif, le scandale financier et écologique de l’exploitation du fer de Bélinga, et ses participations opaques dans plusieurs entreprises pétrolières installées au Gabon. Sans parler de ses sociétés écrans créées dans le seul but de faire tomber dans sa poche, une grosse part des revenus du pétrole du pays. Ce n’est pas un certain Louis Gaston Aubame qui nous dira le contraire… Et c’est d’ailleurs la fin de ces « petits avantages » qui l’a décidé à devenir opposant.
Premier ministre : Jean Eyeghe Ndong
C’est sans suspens que le digne fils de Nkembo se retrouverait à la tête du gouvernement, comme du temps d’Omar Bongo, avec, comme en ce temps-là, la forte probabilité qu’il soit contesté par tous. En effet, de mémoire de Gabonais, jamais un Premier ministre n’aura été aussi contesté que Jean Eyeghe Ndong considéré par tous ses collaborateurs comme un despote et un tyran. C’est d’ailleurs à lui que nous devons la consécration de l’expression « roitelet » qu’il aimait utiliser pour qualifier les membres du gouvernement et les députés de l’assemblée nationale qui remettaient en cause son autorité en conseil des ministres ou au palais Léon Mba. A l’heure où l’on prône le dialogue en vue de régler les problèmes des Gabonais, cet homme, dont le seul langage a toujours été la force et la dictature, n’aura même pas besoin d’un an pour mettre à feu et à sang le front social actuellement en ébullition.
Ministre du Budget : Casimir Oyé Mba
Trop effacé et peureux pour disputer avec Jean Eyeghe Ndong, la place de Premier ministre, Casimir Oye Mba se contenterait bien d’occuper celle de Ministre du budget.
L’ancien haut cadre de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale pourrait bien prendre en main les rênes de la gestion financière du pays, à condition qu’il ne brille pas par une présence fantomatique de sage marionnette comme lorsqu’il était Premier ministre. Ou encore, qu’il ne gère pas les finances du pays comme il avait géré la préparation du Gabon à la dévaluation du franc CFA, avec les conséquences calamiteuses que nous connaissons et dont les Gabonais continuent de subir les effets.
Ministre de l’Intérieur : Luc Bengone Nsi
En remplacement d’André Mba Obame, ministre de l’Intérieur mythique du temps d’Omar Bongo, malheureusement en proie à des problèmes de santé, Luc Bengone Nsi pourrait bien faire l’affaire. Passé expert en vérification des pièces d’identité des Gabonais, Luc Bengone pourrait gérer sans problème, la question de l’immigration et de la nationalité gabonaise. Celui dont le propre oncle a contesté, il y a quelques mois, l’origine gabonaise, pourra ainsi revoir la Constitution, afin de resserrer définitivement les boulons de nos frontières, et couper ainsi le Gabon du reste du monde.
Ministre de la Justice : Jean de Dieu Iwangou Moukagni
Il aurait pu être ministre des Sports, tant on connaît sa « passion » pour le football, ou plutôt pour les finances qui en découlent.
Mais Jean de Dieu Iwangou Moukagni, rendons à César ce qui est à César, serait mieux assis dans le fauteuil de Ministre de la Justice, du fait de son statut de magistrat. Là encore, si les valeurs qu’il compte y véhiculer sont celles de la fraude et de la tricherie dont il s’est rendu coupable lors des élections de la Fédération gabonaise de football et qui avaient valu l’annulation de ladite élection, « on est dans la mouise », comme diraient certains. L’homme est par ailleurs soupçonné d’importants détournements de subventions allouées à la Fégafoot par la Fifa.
Ministre des Affaires Etrangères : Didjob Divungui
Quelle meilleure place que celle de patron de la diplomatie pour l’homme qui ne voyait rien, n’entendait rien et ne disait mot au temps de son passage au poste de vice-président de la République ? Omar Bongo avait choisi cet homme peu encombrant, effacé, voire timide à la limite de la paranoïa, pour occuper le poste de vice-président, car, confiait-il à ses conseillers, avec lui, « il n’y aura pas d’embrouilles ». Déjà connu pour prêcher la Parole divine, Didjob Divungui pourrait aller prêcher celle du Front, de par le monde. Et à ce poste de peu d’importance pour un gouvernement plus tourné vers lui-même que vers l’extérieur, il ne gênerait personne, comme d’habitude…
Ministre de la Défense : Gérard Ella Nguema
Bien que ne faisant pas partie du Front car refusant l’autorité de Jean Ping venu voler la place de son mentor André Mba Obame, Gérard Ella Nguema pourrait se voir proposer le poste de ministre de la Défense. Et s’il se laissait convaincre, le « pitbull » d’André Mba Obame qui a sur son CV le rassemblement de jeunes délinquants des quartiers sous intégrés, à l’origine des émeutes du 15 Août 2012 au quartier Cocotiers, Gérard Ella Nguema maitrise l’art de s’exprimer par la violence et la manière forte. Alors, militaires et autres forces armées sous la tutelle de la Défense nationale, tremblez ! Pays voisins, tremblez !
Ministre de l’Enseignement supérieur : Pierre André Kombila
Ce poste reviendrait de droit au président du Rassemblement national des Bûcherons, qui a déjà, par le passé, occupé celui de ministre l’enseignement technique et professionnel. Si l’on a du mal à se souvenir de cette époque, ainsi que du temps où il a été ministre des ressources hydrauliques et de l’énergie, tellement il n’y a laissé aucune trace, que deviendrait le ministère de l’enseignement supérieur s’il était laissé aux mains de « l’homme qui tue tout ce qu’il touche » ?
Car pour rappel, Pierre André Kombila a quand même réussi l’exploit de faire des Bûcherons, jadis une des premières forces politiques du pays à qui nous devons des avancées majeures sur le plan démocratique, un parti fantomatique qui a désormais pour seuls adhérents, quelques proches et membres de la famille de l’intéressé.
Le leadership, on l’a ou on ne l’a pas… Et pour redresser l’enseignement supérieur au Gabon, il en faut.
Ministre de l’éducation nationale : Marcel Libama
Paulette Missambo aurait pu hériter de ce portefeuille ministériel. Mais ayant également exercé ses « talents » ailleurs, du temps d’Omar Bongo, on la retrouvera dans un autre département tout à sa mesure.
Alors, comme ministre de l’Education nationale, Marcel Libama, syndicaliste activiste ayant fait vivre l’enfer à bien des ministres de ce secteur, Séraphin Moundounga en sait quelque chose. Mais l’arroseur acceptera-t-il d’être à son tour arrosé ? Car l’homme réputé pour privilégier le bras de fer à la discussion, devra s’attendre à subir à son tour, ses propres méthodes…
Ministre des Transports : Paulette Missambo
Pour y avoir déjà été, l’ancienne figure de proue de l’Union des femmes du parti démocratique gabonais, ne se sentirait pas dépaysée dans ce ministère. Quoi que… Pour n’y avoir obtenu aucun résultat, elle pourrait enfin se mettre au travail si l’occasion lui était à nouveau donnée. A moins qu’elle ne se laisse tentée, une fois de plus, par les détournements de fonds publics dont ses anciens collaborateurs gardent le souvenir. Pour information, la « dame de fer » est actuellement sous le coup d’une enquête pour détournements de fonds alloués aux chantiers des fêtes tournantes dans l’Ogooué Lolo.
Ministre des Travaux publics : Zacharie Myboto
Un retour au département ministériel à qui il doit sa fortune colossale, ne pourrait être que le « plan idéal » pour Zacharie Myboto.
Ancien ministre ad vitam aeternam du temps d'Omar Bongo, l’ancien instituteur, devenu Crésus grâce aux fonds du ministère stratégique que représente les TP, y laisse un bilan plus que mitigé.
En 10 ans, 549 kilomètres de routes bitumées, selon ses dires. Calcul simple, cela revient à 54,9 kilomètres de route par an. A cette allure, combien d’années lui faudra-t-il pour désenclaver tout l’arrière pays et doter le Gabon d’un réseau routier digne de ce nom et favorable au développement économique des provinces ?
Vu son âge avancé, l’homme de Mounana pourrait tout aussi aller couler une retraite heureuse à la tête du Sénat. Pourquoi pas ?
Ministre de la Prévoyance sociale : Chantal Myboto
Bien qu’ayant la réputation d’être « douée » en affaires, un peu de douceur dans ce monde de brutes, ne serait pas de refus. C’est pourquoi, Chantal Myboto, fille de Zacharie et ancienne maîtresse d’Omar Bongo, devenue épouse de Paul Gondjout, bien que n’ayant aucune expérience en tant que ministre, pourrait bien s’essayer au département de la Prévoyance sociale.
Elle pourrait ainsi continuer son training amorcé lors des élections locales où, en « femme simple et proche du peuple », elle mettait les pieds pour la première fois de sa vie, dans des quartiers sous-intégrés de Libreville. Celle qui avait fait du fait (pardonnez la redondance) de prendre un taxi, un événement historique, pourrait ainsi quitter de temps en temps le confort et la climatisation de ses luxueux véhicules, pour un bain de soleil occasionnel dans les quartiers populaires du pays.
Ministre de l’Economie : Paul Gondjout
Mari attentionné et gendre soumis, la fidélité et l’allégeance de Paul Gondjout au clan Myboto, pourraient être récompensées par un poste de ministre dans ce gouvernement des grandes ambitions. Pourquoi pas celui de ministre de l’Economie ? Ainsi, l’homme dont dont le CV se résume à être l’époux de Chantal Myboto et ex souffre-douleur d’Omar Bongo, amant jaloux, pourrait enfin s’affirmer en dirigeant un département ministériel. Et il pourrait bien nous surprendre. Qui sait ?
Ministre de l’Environnement : Marc Ona Essangui
Qui, mieux que Monsieur Brainforest, pourrait hériter de la gestion des forêts, parcs nationaux et autre patrimoine naturel du pays ? Ayant plus habitué le public gabonais à ses interventions activistes sur la toile qu’à des posts ayant trait à l’environnement, c’est avec impatience que son programme, une fois patron de l’environnement, sera attendu. Et l’homme cacherait quelques squelettes peu « assumables » dans ses placards, que l’ancien pouvoir devenu opposition à ce moment-là, se fera certainement le plaisir de révéler au grand jour…
Ministre des Sports : Jacques Adiahénot
Jacques Adiahénot, très discret depuis son entrée dans l’opposition, certainement étouffé par l’aura très encombrant d’un Jean Ping que plus rien n’arrête, pourrait prendre en charge le ministère des Sports. Celui qui, à l’époque où il était à la tête de Radio Télévision Gabonaise (RTG 1), invitait très sportivement ses agents, à aller se mesurer à lui sur un ring de boxe en cas de contestation de son autorité, pourrait apporter sa pierre à l’édifice du sport au Gabon.
Ministre de la Vertu : Mike Jocktane
Une fois n’est pas coutume. Pour mettre fin à la dépravation des mœurs, aux pratiques abominables, à la délinquance, aux crimes rituels et autres perversions devenues légion dans notre société, la création d’un ministère de la Vertu ne serait pas un luxe. A sa tête, le pasteur Mike Jocktane dont la première mission sera de « délivrer » son frère, Franck, homme marié et père de famille, pris l’année dernière, en flagrant délit de masturbation devant sa webcam, à l’occasion d’échanges coquins avec une jeune fille sur internet.
Les autres ministères…
L’on n’oubliera pas de doter le Dr Alphonse Louma du ministère de la Santé, tandis que Fernand « Landry » Amiang Ndong, connu pour son goût prononcé pour la communication grâce à ses vidéos quotidiennes publiées sur la toile, hériterait certainement du ministère de la Communication.
Pour la composition du reste du gouvernement, quelques perles rares, pour le moment tapies dans l’ombre, pourraient bien sortir du chapeau du Fuopa.
En attendant, un gouvernement ainsi constitué ne serait-il pas un retour en arrière, du fait qu’on prendrait les mêmes qui ont géré le pays pendant 40 ans, et qu’on recommencerait ?
Peut-on crier à l’alternance alors que dans le fond, ce ne serait que le retour des caciques à la manière du film « Expendable » qui réunit toutes les anciennes gloires des films d’action américains ? Des « has been » comme disent les « djeuns » ?