Libreville – Quelques 75 personnes interpellées lors du meeting interdit de Rio le 20 décembre dernier passeront à leur tour devant la barre vendredi prochain, a annoncé lundi le président du Tribunal qui a suspendu l’audience très tard dans la soirée.
La journée de lundi a été très longue et pénible. L’audience a démarré à 10 heures. Elle a été suspendue à 23 heures. 26 prévenus seulement sont passés devant la barre sur un total de 101. Un seul détenu a été reconnu non coupable. Il a été automatiquement relaxé. Les 75 prévenus qui n’ont pas du tout été attendus reviendront au tribunal vendredi prochain.
Tous sont poursuivis pour trouble à l’ordre public et sont passibles d’une peine maximale de 3 ans de prison notamment pour ceux qui seront reconnus d’avoir participé à un attroupement armé.
« Ce procès est inutile, le dossier est vide, il faut immédiatement libérer nos clients », a plaidé l’avocat, Jean Paul Moumbembé.
« Monsieur le président, la détention de ces personnes pourri inutilement le climat politique dans le pays. Une mauvaise décision de votre part peu fabriquer de nouveaux opposants », s’est-il alarmé.
« Monsieur le Président, vous avez une opportunité exceptionnelle de rentrer positivement dans l’histoire, ne suivez pas les ordres des hommes politiques, montrer que la justice que vous incarnez est indépendante, libérez ces pauvres gabonais », a urgé un autre avocat très en verve.
Mais le ministère public qui a engagé 8 magistrats pour cette audience correction a tenu bon. Et le tribunal a préféré renvoyé sa décision au 13 janvier prochain.
Quasiment tous les détenus sont retournés en prison. La liberté provisoire demandée par les avocats du journaliste, Francis Edou Eyene a été rejetée.
A la fin de l’harassante journée, une mère s’est écroulée à la sortie de l’audience. Elle s’est évanouie après s’être rendue compte que son fils ne rentrera pas à la maison avec elle. Il devait retourner en prison où il a passé la fête de noël et le réveillon de nouvel an.
Plusieurs leaders du Front de l’opposition dont son président Zacharie Myboto, Jean Ping, Jean Ntoutoume Ngoua, Moukagni Iwangou, Luc Bengone Nsi et les autres ont assisté de bout en bout cette audience. Ce sont eux qui avaient appelé à ce meeting à problème.
« On a jugé les lanceurs des cailloux. Les organisateurs du meeting sont libres et boivent tranquillement leur whisky », a hurlé une maman déçue par la justice de son pays qu’elle a sévèrement qualifiée de folklorique.