Tout leadership politique s’adosse d’abord sur une assise et une dimension morales, toujours fondatrice d’un ordre social qui créé une identité sociétale. Le Gabon cherche un nouvel ordre moral. Ci-après, le texte intégral d’un certain Christian Mbazaboua, parvenu à Gabonreview.
Ayant réussi à installer chez tous les gabonais le doute sur la légitimité de son chef, dont le silence sur la question de son état civil est reçue dans toutes les chaumières comme un aveu, le Front de l’opposition pour l’alternance vient visiblement de prendre un ascendant sérieux sur le régime en place, avec la dernière sortie de Moukagni-Iwangou au quartier Glass.
Quatorze jours après les tristes évènements de Rio, et 3 jours après le discours à la Nation du chef de l’Etat, l’opposition s’est astucieusement projeté devant les gabonais, selon un plan de communication parfaitement huilé.
En tenant une déclaration de presse le 31 décembre 2014 à 17 heures, sur une tonalité mettant Ali Bongo Ondimba en débat, l’opposition s’est invité dans l’agenda républicain dont les usages établis aux quatre coins du monde, réserve l’exclusivité de porter la parole publique à cet instant précis au seul chef de l’Etat, avec charge pour lui, de fixer le cap à la Nation. Pour avoir délibérément occupé l’espace public à ce moment de grande solennité, le «Front» a parasité le discours à la Nation, et de la sorte, imprimé une bipolarisation de la vie politique du Gabon. Dans un rôle de saison parfaitement éprouvé, Zacharie Myboto s’est installé en alternative à Ali Bongo Ondimba, pour exposer des éléments de langage tirés sur le registre de la défiance au Pouvoir.
Très offensif dans un débat qui a fini de disqualifier un camp d’en face, désormais emmuré dans un silence compromettant, le Front de l’opposition pour l’alternance navigue désormais, pourrait-on dire, sur une mer tranquille, et abat calmement ses cartes sans coup férir.
Prenant le relais au bond, Moukagni-Iwangou a engagé un véritable procès en révision, qu’il a parfaitement gagné à Glass. En mode pédagogue, qui appelait au pupitre des intervenants totalement à leur avantage sur la question évoquée, Moukagni-Iwangou a associé des personnalités de haut vol à sa communication.
A ces différentes occurrences, Joseph Benoit Mouity Nzamba, Pierre André Kombila Koumba et Fulbert Mayombo Mbendjangoye, les demandeurs du meeting du 20 décembre 2014 ont informé le public que leur demande collective adressée dans les délais de droit n’a reçu aucune réponse formelle de la part de l’administration. Jean Ping a été appelé pour donner tout son sens à la médiation onusienne, en ce qu’elle témoigne de l’implication de la communauté internationale toute entière, lorsque Luc Bengono Nsi est venu tordre le cou à cette version franco-centrée, qui voudrait que les gabonais ne bougent que sur ordre de Paris, notamment en rappelant qu’il était monté au créneau devant la Cour constitutionnelle dès août 2009.
Surfant avec bonheur sur la thématique, le Président de l’UPG a rappelé que la gouvernance de la cité instille une morale républicaine instaurée par la primauté du droit, qui est un ensemble de normes opposables à tous, aussi bien aux gouvernants qu’aux gouvernés.
Dans une visite guidée de la loi 48/60 du 8 juin 1960 fixant le régime des réunions publiques en république gabonaise, Moukagni-Iwangou a conduit tout l’auditoire à constater, religieusement, d’abord que le Ministre de l’intérieur commet un abus de droit permanent en intervenant dans une matière qui relève de la compétence exclusive des autorités locales, décentralisées et déconcentrées, ensuite que le meeting de RIO n’a jamais été interdit en droit.
Sous la foi de l’article 9 de la loi, la démonstration de l’homme de droit a été particulièrement cinglante.
Au nom de l’ordre public, il a reconnu que la loi confère aux autorités compétentes pouvoir d’interdire une réunion publique, et pour faire droit, cette interdiction doit revêtir des formes précises. A ce propos, le législateur a assorti le cadre de cette interdiction, qui n’est opérante, qu’à la double condition qu’elle soit actée dans une décision motivée, qu’elle soit régulièrement notifiée aux organisateurs, et qu’elle soit transmise au Préfet devenu aujourd’hui Gouverneur, à qui la loi offre la possibilité de confirmer ou d’annuler l’interdiction.
En arrachant à l’administration locale une matière qui porte un intérêt territorial désormais compromis par un centralisme résolument liberticide, Mapangou s’est royalement fourvoyé sur toute la ligne, puisque réagissant à l’humeur, il ne s’embarrasse d’aucune précaution administrative, pour refuser aux uns ce qu’il accorde aux autres.
A partir de cet instant le couperet est tombé. Tout sec. N’ayant formellement pris aucune décision opposable qui puisse être valablement produite, dura lex sed lex, le meeting du 20 décembre 2014 n’a jamais été interdit.
Cette affirmation, aux allures de sentence, plonge et compromet le Gouvernement dans un scandale inouï, que le Front va naturellement agiter en épouvantail devant la communauté nationale et internationale.
En affirmant cette vérité, avec un panache à la dimension de la belle démonstration qu’il faite devant un public en admiration, Moukagni-Iwangou a conféré au Front l’envergure d’un nouveau leadership, respectueux de la primauté du droit, qu’il oppose en bouclier à un régime tout puissant à bout de souffle, selon l’affirmation de Lacordaire, qui enseigne qu’entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loi qui protège.