Les récents événements semblent attester que les leaders de l’opposition n’ont pas toujours le même sens de l’opportunité ou le même agenda.
Depuis quelques temps, l’opposition gabonaise semble engagée dans la voie de la cohésion et de l’unité. On est bien loin de l’après-Mouila, quand sitôt l’Union des forces du changement (UFC) mise en place, des couacs apparurent, au point que l’Union des Forces de l’Alternance (UFA) fut porté sur les fonts baptismaux. Avec la création du Front de l’opposition pour l’alternance, on retrouve tous les leaders de la branche dite radicale de l’opposition dans une même structure occasionnelle. Outre les membres de l’Union nationale (UN, dissoute) dont Zacharie Myboto, Jean Eyéghé Ndong, Paulette Missambo, Casimir Oyé Mba, on note les présences de Jean Ping, ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA), Jacques Adiahénot, ancien secrétaire général du PDG, Didjob Divungui Di Ndinge, ancien vice-président de la République.
N’empêche, l’opposition est loin d’être unique et certains événements accréditent l’idée d’une multiplicité de stratégies dans ce bord. D’abord, l’idée d’une candidature unique de l’opposition défendue par le président du Parti social-démocrate (PSD) et vite battue en brèche. Pierre Maganga Moussavou estimait alors en effet qu’il fallait au moins deux candidats pour l’opposition. Et pour la circonstance, il s’y voyait en compagnie de Vincent Essone Mengue, maire d’Oyem et membre de l’Union nationale. En outre, au plus fort de l’affaire déclenchée par le livre de Pierre Péan, «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon», le président du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), Jules Aristide Bourdes Ogouliguendé, n’avait pas souhaité apporter son soutien au Front de l’opposition pour l’alternance, s’interrogeant d’ailleurs quant à la légitimité de cette entité.
Le 20 décembre dernier, c’est encore le Front de l’opposition pour l’alternance qui était sur la sellette avec un meeting avorté et transformé en émeutes. À la suite de quoi le président du CDJ s’est prononcé pour la tenue d’une conférence nationale tout en déplorant que la situation socio-économique et politique du pays se soit dégradée. Conférence nationale ? Voilà une idée longtemps défendue par Zacharie Myboto et les siens mais qui n’avait toujours pas l’assentiment de tous les acteurs de l’opposition.
S’il semble évident que les leaders de l’opposition ont le même objectif et peuvent parfois recourir aux mêmes moyens, il va sans dire qu’ils n’ont ni le même agenda ni le même timing. Bien entendu, des conflits de leadership et querelles d’ego peuvent toujours exister, notamment entre Jean Ping et Jules Aristide Bourdes Ogouliguendé. Quoi qu’il en soit, d’ici à 2016, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts.