Ce professionnel reconnu revendiquant 32 années d’expérience dans les médias publics et privés, nationaux et internationaux dont 22 à des postes de direction et de leadership, a analysé le traitement fait par les média français des événements du 20 décembre dernier à travers un échange avec Agenceecofin.com.
Après une première sortie quelques jours plus tôt, la présidence de la République, par la voix de son porte-parole s’étonnait, le 24 décembre dernier, de l’angle de traitement des événements de Rio choisi par certains médias internationaux comme France 24. Alain-Claude Billie-by-Nzé les accusait de relayer sans aucun recul, les informations transmises par l’opposition et relatives au climat social, économique et politique du Gabon. Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères réunissait les diplomates accrédités au Gabon afin de faire le point de la situation politique du pays. A cette occasion, Emmanuel Issozet Ngondet a affirmé que le Gabon n’est pas en crise, avant de s’en prendre aux «médias qui ne font pas bien leur travail».
Ne voulant pas être en reste et sans doute pour se faire mousser, Mactar Sylla y est allé de son couplet quelques jours plus tard. Dénonçant les médias français qui ont encore «du mal à faire leur mutation pour se départir de la françafrique médiatique», il s’est offusqué de ce qu’il considère comme un portrait sombre du continent africain, régulièrement relayé par ces médias. A en croire ses dires, les médias occidentaux et français en particulier «ne (s’intéressent) qu’aux trains en retard et aux chiens écrasés, à faire des traitements sensationnels et catastrophiques de situations qu’ils voient à distance ou par relais interposés». Se posant en donneur de leçons, il a estimé que les normes professionnelles ne sont pas respectées par ces médias et que ce côté sombre participe à enfermer le continent dans le sous-développement. En arrivant au cas du Gabon, il s’est demandé comment ces médias ne peuvent pas également présenter les grands projets de développement et les réformes structurelles.
Dans ce contexte, l’ancien directeur de STV au Cameroun estime que cette façon de faire cache mal des intentions malsaines et qu’elle n’a pour but que de détruire, créer la confusion et nourrir la colère. «Dans un pays comme le Gabon, que même les pourfendeurs qualifient de riche, la présidence de la République, en tant qu’institution, peut se doter du parc automobile qui est le sien sans comptes à rendre à France 24. Si France 24 est si sensible à la pauvreté, à l’exclusion, il ne faut pas aller bien loin de Paris intra-muros. Comme le dit un proverbe africain, il faut balayer devant sa propre case avant de balayer celle du voisin», a-t-il lancé, avant de préciser que «le débat sur l’image de l’Afrique en Europe et celle de l’Europe en Afrique s’est posé depuis de longues années, au cours de multiples rencontres, conférences». «Je suis partisan de l’équilibre, du respect mutuel, de l’effort commun et de la persévérance pour inverser les mauvaises tendances», a-t-il ajouté.
Dans cette réplique aux médias hexagonaux, Mactar Sylla, souhaite que les Africains et leurs médias s’intéressent aussi au reste du monde. Il faut davantage que les problématiques qui minent les populations françaises soient présentées dans des reportages, des analyses, afin qu’il y ait des voix africaines, des points de vue africains sur ces réalités. Doit-on rappeler à celui qui prétend piloter un projet de télévision et de radio à vocation panafricaine à partir du Gabon que «l’information ce n’est pas quand le chien mord l’évêque mais quand l’évêque mord le chien» ? Est-il décent de lui signaler que les médias africains ont du mal à couvrir les événements européens et internationaux du fait d’un manque criant de moyens financiers et logistiques et non du fait de la censure ? Faut-il lui dire que la ligne éditoriale procède d’un choix souverain des rédactions ? Doit-on lui rafraîchir la mémoire sur le caractère fondamental du droit à l’information publique ? Faut-il lui signaler que ce droit est rarement respecté sous nos latitudes ? Doit-on lui dire que les dépenses publiques d’un Etat organisé sont consignées dans la loi de finances ? Doit-on croire qu’il a une idée bien à lui des priorités des peuples ?
Mactar Sylla revendique 32 années d’expérience dans les médias publics et privés, nationaux et internationaux dont 22 à des postes de direction et de leadership à la RTS, à TV, Africaonline, Worldspace, Spectrum Group et à PMC Groupe. Tout ça pour ça ?