Présenté comme un héritier de Jacques Foccart, ce pilier de la Françafrique, affirme que le défunt président de la République dont il est réputé proche souhaitait que son fils accède à la magistrature suprême après lui.
Préoccupé par les récents évènements et la situation de tension socio-politique qui prévaut au Gabon depuis plusieurs mois, Robert Bourgi, qui avoue avoir contribué à l’accession d’Ali Bongo à la magistrature suprême en 2009, affirme que cette dévolution du pouvoir de type monarchique était la volonté du défunt président de la République. «C’était le choix d’Omar Bongo Ondimba lui-même», assure-t-il dans un entretien récemment accordé à l’hebdomadaire «Echos du Nord» (n°265), ajoutant : «Il m’avait confié en novembre 2008 que son choix pour la succession était son fils Ali ».
Pour autant, Robert Bourgi semble plus que jamais déterminé à mettre du sien pour que le départ d’Ali Bongo se fasse le plus tôt possible, ainsi que l’exige l’opposition. Si «les évènements de ces derniers jours au Gabon (l’ont) inquiété», c’est que le pays semble aller droit vers une escalade. «Tout cela ne présage rien de bon», commente-t-il. Pour celui qui se présente comme le dernier héritier de l’Afrique de Jacques Foccart et qui se définit comme un «ami du Gabon», les manifestations, doléances et convocations des dirigeants de l’opposition interpellent à plus d’un titre. Pourtant, estime-t-il, cette situation qui ne doit pas rester en l’état, impose que les deux camps se ressaisissent, parce que, soutient-il, «le peuple gabonais n’y gagnerait rien». «Les affrontements avec les forces de l’ordre et la sévérité de la répression et des arrestations, et surtout l’interpellation d’hommes politiques éminents devrait faire prendre conscience à tous que le point de non-retour ne devait absolument pas être atteint», analyse-t-il.
De fait, s’il dit avoir «ouvert (sa) porte à tous ceux qui appelaient au départ du président Ali Bongo, et qui lançaient des mots d’ordre au soulèvement populaire», le sulfureux avocat d’origine libanaise n’en appelle pas moins au calme et à l’indulgence des uns et des autres. «Le pouvoir, dans son rôle régalien, a appelé au respect de l’ordre républicain et de la loi», tente-t-il de justifier, tout en reconnaissant que trop de mal a été fait. Mais, conseille-t-il, «évitons l’aventure (…). Des exemples tragiques de par le monde devraient donner à réfléchir». Et d’inviter les Gabonais à observer et mettre en pratique le triptyque «Dialogue-Tolérance-Paix», devise du Parti démocratique gabonais (PDG). Une bien curieuse exigence qu’il perçoit comme la seule voie de sortie de la crise actuelle. Aussi, invite-t-il le président de la République à «passer au tamis de sa réflexion» tous les récents évènements, pour s’imposer par la suite une discussion avec l’opposition, afin de «sauvegarder la paix sociale». Gageons qu’il soit entendu.