Apportant sa part de vérité sur l’angle de traitement choisi par les médias occidentaux pour parler des violences survenues le 20 décembre à Libreville, Mactar Silla, professionnel des médias, n’est pas allé de main morte pour dénoncer le fait que les médias français ont encore « du mal à faire leur mutation pour se départir de la françafrique médiatique » qui a pour caractéristique de dresser un portrait sombre du continent africain.
Réagissant le 26 décembre 2014 aux questions du média en ligne Agenceecofin.com, Mactar Silla, professionnel des médias et autrefois manager de TV5 Afrique, a exprimé sa désapprobation face à l'approche de traitement médiatique des faits en rapport avec l'Afrique des chaînes de télévision occidentales.
De son constat, bon nombre de médias occidentaux, en l'occurrence français, ont encore, aujourd'hui « du mal à faire leur mutation pour se départir de la françafrique médiatique qui consiste à ne s'intéresser qu'aux trains en retard et aux chiens écrasés ; à faire des traitements sensationnels et catastrophiques de situations qu'ils voient à distance ou par relais interposés ».
Une approche non seulement non conforme à la norme professionnelle, mais qui également, participe au retard de l'Afrique, à son sous-développement et à une certaine appréhension psycho-cognitive mondiale « sale » du continent, et de pays tels que le Gabon qui, depuis la crise du 20 décembre 2014 à Rio, est l'objet de toutes les critiques négatives de la part des médias français.
Mais, lorsque le Gabon entreprend des grands projets de développement, met en place des réformes structurelles qui ont pour objectif d'accompagner le pays dans sa vision d'émergence, crée un cadre propice aux affaires de classe internationale, met progressivement en place l'infrastructure économique de base nécessaire pour atteindre l'objectif d'émergence, etc…, où sont les médias occidentaux pour en parler? S'interroge Mactar Silla.
Pour ce professionnel de la communication, il ne fait plus aucun doute que des intentions malsaines animent les réflexions et les plumes de nombreux médias occidentaux qui n'ont pour seule vocation que de détruire, créer la confusion et nourrir la colère.
« Dans un pays comme le Gabon, que même les pourfendeurs qualifient de riche, la présidence de la République, en tant qu'institution, peut se doter du parc automobile qui est le sien sans compte à rendre à France 24. Si France 24 est si sensible à la pauvreté, à l'exclusion, il ne faut pas aller bien loin de Paris intra-muros. Comme le dit un proverbe africain, il faut balayer devant sa propre case avant de balayer celle du voisin », explique Mactar Silla.
« Le débat sur l'image de l'Afrique en Europe et celle de l'Europe en Afrique s'est posé depuis de longues années, au cours de multiples rencontres, conférences etc... Je suis partisan de l'équilibre, du respect mutuel, de l'effort commun et de la persévérance pour inverser les mauvaises tendances », renchérit-il.
Son souhait aujourd'hui est que les médias africains s'intéressent davantage au reste du monde, aux problématiques qui minent les populations françaises, que ces médias fassent des reportages, des analyses, donnent leur point de vue sur les réalités françaises et du monde car « il faut arracher et assumer notre part de droit et de devoir d'expression sur la marche de notre continent et du monde ».
