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Gabon : l’Arboretum de Sibang, un véritable poumon pour la ville de Libreville, selon le Pr Gassita
Publié le lundi 29 decembre 2014   |  infosplusgabon.com


Pr
© Autre presse par DR
Pr Gassita


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Avec la création, par décision du président Ali Bongo Ondimba, d’un nouvel espace boisé et protégé, dénommé « Arborétum Raponda Walker » dans la zone du cap Estérias, le Gabon vient enrichir son patrimoine écologique propre à la conservation des espèces végétales pour les générations futures et à la recherche. Occasion de marquer un arrêt sur l’Arborétum de Sibang, d’une superficie de 16 hectares, plus au sud, aménagé depuis 1931, puis cédé au Gabon par la France. L’arborétum de Sibang, visité régulièrement par des groupes d’écoliers, des chercheurs et des personnalités, est d’une richesse immense, pour sa concentration d’essences diverses des forêts gabonaises et aussi d’autres espèces végétales tirés d’autres régions d’Afrique. Le site, agressé par la pression des populations, n’a pas connu d’aménagement majeure depuis et est placée sous la responsabilité de l’Institut de Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle (IPHAMETRA), placé lui-même sous l’autorité du Centre National de la Recherche scientifique et technologique (CENAREST).


Cependant, en 1990, l’Etat gabonais a nommé un conservateur à l’Arborétum de Sibang, le Pr Jean-Noël Gassita, spécialisé en pharmacie et dans la recherche sur les plantes tropicales. Nous l’avons rencontré, pour en savoir plus sur cet espace boisée et protégé qui, en 2010, avait reçu la visite de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy…

Infosplusgabon : Pr Jean-Noël Gassita, Quand on effectue des recherches sur l’arborétum de Sibang, les données conduisent à votre personne. Que pouvez-vous nous dire sur cet espace boisé situé en plein cœur de Libreville ?

Pr Gassita : Ce qui convient de retenir, c’est que l’arborétum de Sibang, au départ, d’une superficie de 19 ha, mais réduit, aujourd’hui à 16 ha, du fait de l’occupation d’une partie de son espace par des squatters, est héritage colonial, créé en 1931 par la Section de recherche forestière, devenue, par la suite, Section Centre technique forestier tropical (CTFT/Gabon). Au même titre que les Jardins de la Peyrie, où l’on pouvait apprendre à faire de l’agriculture et qui ont été détruits. Aujourd’hui, aucune initiative courageuse n’est prise pour améliorer le cadre paradisiaque qu’est l’Arborétum de Sibang, qui est d’une très grande richesse au plan scientifique. Le Site court plutôt le risque de devenir un dépotoir d’ordures, puis un quartier habité. A l’époque, nous avions pensé qu’une clôture pouvait limiter les dégâts, avec un aménagement d’espaces d’arbustes tout autour. Mais rien n’a été fait. Et la rivière qui traverse le site est obstruée par les immondices…

Infosplusgabon : A quelle date avez-vous été nommé Conservateur de l’Arborétum de Sibang ?

Pr Gassita : Pour la petite histoire, à mon retour d’Europe en 1968, après mes études en France, je passais tous les week-ends dans l’Arborétum de Sibang. Et c’est M. Etienne Ossinga, un des fondateurs du CENAREST, qui m’a transmis l’amour de ce site. L’arborétum a d’ailleurs servi à alimenter ma thèse de Doctorat en pharmacie, puisque j’y ai pratiqué de nombreux prélèvements. J’ai été nommé précisément Conservateur de l’arborétum, le 7 avril 1990, sur invitation de l’Ambassadeur de France de l’époque, Louis Dominicci. Le diplomate français avait obtenu un financement de 100 millions de Francs CFA pour l’aménagement du site et il estimait que j’étais le mieux placé pour assurer les travaux de conservation nécessaires. J’ai accepté l’offre, tout en refusant de gérer les fonds alloués qui, du reste, ont été dilapidés.

Infosplusgabon : Et, depuis, comment assurez-vous votre mission de conservateur ?
Pr Gassita : Avec le soutien de M. Damé, ancien directeur du Centre culturel Saint-Exupéry, j’ai pu réaliser un fascicule sur les arbres de l’arborétum. Puis, nous avons réalisé des expositions dont je détiens encore les photos. Mais j’ai dû laisser tomber, puisque les moyens ne suivaient pas. Déjà, je n’ai jamais été payé en tant que conservateur, quoique n’ayant jamais été relevé de cette fonction. Je reste cependant de cœur attaché à ce sanctuaire naturel, que je considère comme le poumon de la ville de Libreville, sans lequel, de nombreuses maladies se développeraient, sous la pression de la pollution.

Infosplusgabon : Avez-vous des regrets ?

Pr Gassita : Oui, bien sûr ! L’arborétum est actuellement sous la responsabilité de l’IPHAMETRA. Mais je ne suis jamais consulté. J’estime que les enfants peuvent apprendre beaucoup à partir de ce cadeau qui nous a été offert par la France. Ils peuvent apprendre tout sur les arbres de nos forêts, en découvrant les carrés de Moabi, de Douka, de Padouk, d’Okoumé, de Sipo, d’Ebène, etc. Ce site peut susciter des vocations de botanistes au Gabon. Mais voyez bien, il n’en existe presque pas…

Infosplusgabon : Pour quel objectif donc avait-on créé cet arborétum ?

Pr Gassita : Je vous ai dit que l’initiative était d’un institut de recherche français. A l’époque, le bois du Gabon était voué à l’exportation en tant que bois d’œuvre. L’arborétum offrait donc l’opportunité d’étudier dans un espace à portée de main les différentes essences qu’on trouvait. De fait, un arborétum permet de conserver des plantes, afin d’en pérenniser l’existence. L’intérêt était qu’on pouvait en maîtriser le comportement, du planting aux différentes phases de croissance, jusqu’à leur maturité.

Infosplusgabon : Sur le plan médicinal, qu’est-ce qui retient votre attention dans cet espace ?
Pr Gassita : Je pense être le seul intéressé à extraire les substances chimiques des plantes. Et je suis à la base de la création de l’Institut d’études de pharmacopée et de Médecine traditionnelle. J’ai donc pu développer la pharmacopée africaine. Si on m’avait écouté, on disposerait aujourd’hui d’un laboratoire de médicaments à base de plantes au Gabon. Et l’arborétum de Sibang constitue un puissant vivier que j’ai étudié.

Infosplusgabon : Quel est le principal obstacle à tout cela ?
Pr Gassita : J’ai séjourné dernièrement à Cuba, où le président Ali Bongo Ondimba vient de séjourner. Le souhait pour moi aurait été que le chef de l’Etat visite le jardin Botanique de la Havane, qui est d’une réalisation plus récente, du temps de Fidel Castro. Un véritable espace paradisiaque, avec des lacs à l’intérieur. Il en existe un autre à Abidjan. Mais tout cela vient après l’arborétum de Sibang qui a plus de 80 ans d’existence. C’est donc un site d’une grande valeur historique. Le fait est que les autorités n’en prennent pas suffisamment conscience, pour lui conférer toute sa place dans notre espace éco-touristique et scientifique. Je crois que la politique du Gabon vert devrait s’y intéresser de plus près…
(Article publié par Infosplusgabon le 29 décembre 2014, 10h38. Les journalistes repreneurs des articles Infosplusgabon pour alimenter leurs blogs sont priés de respecter les droits d'auteurs et le © Copyright en indiquant bien la source de leur « production » ).

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