Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Séraphin Moundounga, a demandé récemment, via une correspondance adressée au bureau du Sénat, la levée de l’immunité parlementaire d’un sénateur, Joseph Moukala Koumba, afin qu’il réponde des accusations portées contre lui pour des «crimes rituels» en série. C’est la deuxième requête du genre pour un sénateur au Gabon.
Le ministre de la Justice, en envoyant cette correspondance au Sénat, a au préalable été saisi les parquets de Libreville et de Tchibanga. Joseph Moukala Koumba, sénateur du Parti gabonais du centre indépendant (PGCI) pour le premier arrondissement de la commune de Tchibanga, a été accusé d’avoir joué un rôle capital dans l’enlèvement puis l’assassinat avec prélèvement des organes d’au moins 21 personnes depuis 1983.
L’on se souvient en effet de l’assassinat de Sylvestre Mounombi Mihindou, retrouvé au village Maraïssava, à quelques kilomètres de Tchibanga, délesté de ses principaux dont la langue, le cœur, les yeux et les parties génitales. L’on ajoute même que cette victime, dont la mort a défrayé la chronique dans le pays, avait été également vidée de son sang. Dénoncé comme commanditaire de ces deux dizaines de crimes par son frère, Moussavou Micala, inspecteur général des finances et homme d’affaires, le sénateur doit se mettre à la disposition de la justice.
A l’arrivée de la demande de cette levée de l’immunité parlementaire, le bureau du Sénat et la conférence des présidents, supervisée par Léonard Andjèmbè, s’est réuni afin de mettre sur pied, conformément à l’article 71 du règlement du Sénat, une commission ad hoc devant étudier ce cas. Elle sera dirigée par le sénateur du parti démocratique gabonais (PDG, au Pouvoir), Martial Mboumba et par Marie-Rose Melighe Me Ngwa du Rassemblement pour le Gabon (RPG).
Il reste donc aux sénateurs de dire le droit pour voir dans quelle mesure mettre leur collègue à la disposition de la justice afin qu’il se défende face à ces accusations. Pour mémoire, après moult tergiversations, esquives et autres faux-fuyants, le sénateur du Komo-Kango, Gabriel Eyéghé Ekomie, avait vu son immunité parlementaire levée dans une affaire similaire. Au regard de l’hécatombe mis à jour par cette nouvelle affaire de crimes dits rituels, même si le terme n’est pas officiellement consacré, les Gabonais espèrent que l’attente ne sera pas trop longue. La majorité des familles ayant des victimes dans cette histoire souhaitant connaitre la vérité sur la disparition ou la mort de leur proche.