Une centaine de militants proches du pouvoir gabonais ont manifesté vendredi devant l'ambassade de France à Libreville, accusant des médias français d'attiser "la haine" dans leur pays, après la manifestation violente de la semaine dernière, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Le Gabon est indépendant!"? "Non à l'instrumentalisation", pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants, qui se sont dispersés dans le calme en fin de matinée.
"Nous protestons contre l’immixtion d'une certaine presse (française) dans la vie politique du Gabon, qui vise à attiser la haine contre le chef de l'Etat et entre Gabonais", a affirmé l'un d'eux, Frédéric Ntera Etoua.
Principale cible des quolibets: la chaîne d'information France 24, accusée de "relayer la propagande de l'opposition" après la manifestation violente du week-end.
Un article diffusé mardi sur le site internet de l'émission "Les observateurs de F24" a également créé la polémique. Intitulé "Le luxueux parc automobile de la présidence gabonaise", il montrait des photos d'un "contrat d'achat" de près de 15 millions d'euros censé avoir été passé par la présidence en 2010, ainsi que plusieurs de ces véhicules de luxe.
Lors d'une conférence de presse jeudi, le porte-parole de la présidence Alain-Claude Bilie By Nzé, a fustigé la chaîne française, allant jusqu'à la comparer avec la radio "Mille collines", qui joua un rôle déterminant dans l'incitation à la haine au cours du génocide rwandais au début des années 90.
Samedi, de violents heurts avaient opposé des manifestants de l'opposition aux forces de l'ordre, lors d'un rassemblement interdit réclamant le départ du président Ali Bongo Ondimba, sur fond de tensions politiques croissantes dans le pays.
Le bilan varie d'un mort officiellement à six selon l'opposition, même si ces chiffres sont impossibles à vérifier de source indépendante.
Suite à ces violences, plusieurs leaders de l'opposition - dont l'ancien secrétaire général de l'Union africaine (UA), Jean Ping, et le dernier Premier ministre du défunt président Omar Bongo Ondimba, Jean Eyéghé Ndong - ont été convoqués mercredi par la police judiciaire, où ils ont "refusé de se soumettre à des auditions individuelles" avant d'être finalement libérés, ont-ils affirmé.