Très remonté par l’arrestation du président et du secrétaire général de la mutuelle de l’Université Omar Bongo, le leader des jeunesses du Parti démocratique gabonais (PDG), se pose en défenseur des libertés fondamentales et des principes généraux du droit à travers un hashtag «#LibérezNosFrères!».
Dans un post sur sa page Facebook, le délégué national des jeunesses du PDG, s’est voulu plus «humain» que membre du système au pouvoir, livrant sa lecture de la tension qui prévaut depuis trois jours déjà au sein du campus universitaire. Dans un discours dénué de considérations politiques et partisanes, Vivien Amos Pea Makaga se permet un long réquisitoire contre l’appareil judiciaire gabonais auquel il impute, de manière subtile, l’arrestation jugée «arbitraire» puis la détention «abusive» des deux leaders étudiants. «Je commence sérieusement à me demander si les auteurs de ces erreurs judiciaires ou plutôt de ces excès de zèle à répétition mesurent la lourde portée ainsi que les conséquences que pourraient induire autant de bavures dans un système judiciaire que le président de la République a pourtant voulu irréprochable et transparent!», écrit-il.
Contrairement à ses ainés bien impliqués dans la gestion des affaires du pays, qui refusent de voir la réalité en face et acceptent de rester dans leur bulle en se répétant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, Vivien Amos Pea Makaga, lui, jette un regard froid, au risque d’essuyer les critiques et foudres de ses camarades «émergents». En s’interrogeant sur la portée des agissements des magistrats du tribunal de première instance de Libreville, il reconnaît que l’atmosphère actuelle est délétère. «Est-ce de cette manière que nous voulons apaiser le climat social aujourd’hui morose qui règne actuellement dans notre pays?», s’interroge-t-il.
S’il revendique encore son appartenance au PDG, le jeune porte-étendard du PDG refuse de cautionner l’injustice et la honte, même si cela émane de ses amis politiques. «Jamais je ne tolérerai non seulement, que nos libertés fondamentales soient violées, mais aussi que les principes généraux du droit en vertu desquels notre système judiciaire devraient fonctionner, soient piétinés, bafoués et sacrifiés sur l’autel des convenances personnelles, au mépris de l’intérêt général», lance-t-il, invitant le président de la République à user de la sanction non pas seulement dans le corps judiciaire ou l’administration universitaire, mais partout où la détresse des concitoyens se fait entendre. «Entre ce doyen de fac qui se défausse de la confrontation avec Firmin Ollo’o pour corroborer ses piètres accusations, et le parquet de Libreville qui confond les lois de la République aux sursauts d’humeur de certains de ses membres, il n’y a plus qu’un pas à franchir pour donner un coup de pied dans cette fourmilière tapageuse», estime-t-il.
Ne pouvant terminer sans formuler quelques conseils à la jeunesse victime des errements de la justice, il l’invite à plus de maturité dans ses actions de revendication. «À mes jeunes frères, casser et brûler n’apporteront pas la solution, car on ne défie pas la puissance publique ! La voie de la raison doit primer. Ne donnez pas raison à vos détracteurs, pensez aux générations qui vous succéderont dans ces lieux du savoir. Revendiquez légitiment mais dignement. On ne peut pas prétendre promouvoir l’excellence chez les jeunes et s’attaquer à ses symboles», conclut-il.
Selon certains internautes qui ont pris connaissance de ce coup de gueule, la lucidité commence à gagner le patron des jeunesses PDG. Pour d’autres, c’est plutôt la peur qui l’amène à tenir un tel langage en vue de s’absoudre des erreurs et des souffrances qui auraient infligées au peuple par le régime qu’il défend et qui le porte. Comme quoi, «l’homme prudent voit le danger de loin»…