Très attendue, la déclaration de Mike Steeve Jocktane a déjoué tous les pronostics concernant son éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle. Il a cependant demandé à Ali Bongo Ondimba, président de la République, de «quitter le pouvoir avant qu’il ne soit trop tard».
«Présidentielle 2016 : Mike Jocktane cavalier seul ?», s’est interrogé Gabonreview le mardi 16 décembre 2014 au sujet de la sortie, ce 17 décembre, de l’évêque membre de l’Union Nationale (UN). On s’appuyait sur diverses supputations nées de cette volonté de faire une déclaration pour s’adresser à ses sympathisants, aux autres leaders politiques et aux observateurs de la scène politique gabonaise, et on a entrevu la plausibilité de l’annonce d’une candidature à la présidentielle de 2016. Faux, peut-on désormais dire.
L’homme d’église qui se réclame de la vision d’André Mba Obame avec qui il a commencé son combat politique, a plutôt livré une déclaration à travers laquelle il s’est voulu constant dans sa pensée, dans ses opinions et ses choix politiques. D’emblée, il a battu en brèche d’idée d’une possibilité de se présenter comme candidat à la prochaine élection présidentielle qui devrait se tenir, en principe, en 2016.
Mike Steeve Jocktane est notamment revenu sur l’élection de 2009, sur les années 1990 marquant l’entrée du Gabon dans l’ère de la démocratie. Pour lui, «25 ans après la Conférence Nationale, le Gabon ne ressemble en rien à un pays véritablement démocratique». Dans ce cas de figure, il est pour lui «raisonnable de classer le Gabon parmi les grandes dictatures de ces deux derniers siècles». Revenant sur 2009, celui qui fut également chef de cabinet adjoint d’Omar Bongo Ondimba explique que cette année-là «était l’occasion d’un nouveau départ qui devait permettre au Gabon de devenir un exemple de démocratie». Et Mike Jocktane de dénoncer d’abord la candidature d’Ali Bongo qui a été entachée de graves irrégularités, notamment concernant son acte de naissance, avant de souligner le fait que «Nous vivons en effet sous un régime totalement autocratique qui produit un net recul tous azimuts de notre pays».
S’insurgeant de ce contexte, il a annoncé qu’il déposera une plainte dans les jours prochains en France pour cette affaire d’acte de naissance. «Je déposerai dans les tous prochains jours une plainte auprès des juridictions compétentes en France», a-t-il déclaré en soulignant que «Chaque jour qu’Ali Bongo passe à la tête de l’Etat est un jour de perdu pour l’ensemble de notre pays… Le Gabon est en danger à cause d’un système qui ne garantit pas une nette séparation de tous les pouvoirs». Pour l’Evêque et opposant, il est donc urgent que l’actuel président de la République parte du pouvoir. «Je considère que la priorité de toutes les priorités, c’est de chasser l’imposteur dans les délais les plus courts… Ali Bongo doit partir, à défaut, nous devons le chasser par tous les moyens, je dis bien par tous les moyens, et quel qu’en soit le prix», a-t-il martelé avant d’adresser une sorte d’épitre au chef de l’Etat : «m’adressant à Ali Bongo, et en ma qualité d’homme d’église, je vous suggère fortement de prendre la mesure de la gravité de tout ce qui est décrit ici pour prendre la seule décision qui s’impose à savoir, quitter le pouvoir avant qu’il ne soit trop tard.» A sa corporation, Mike Jocktane a lancé : « Aux confessions religieuses chrétiennes, corporation à laquelle j’appartiens (…), je vous adresse le message suivant : la crise profonde qui touche le Gabon aujourd’hui exige que vous preniez position…»
A l’occasion, l’Evêque devenu opposant a procédé à son adhésion officielle Front de l’opposition pour l’alternance, non sans souhaiter la cohésion de son bord politique. «Je confirme mon adhésion totale à l’idée d’une candidature unique de toute l’opposition», a-t-il affirmé mettant un terme aux idées qui lui ont été prêtées concernant son éventuelle candidature qui aurait sonné la mort de l’idée d’une candidature unique et concertée de l’opposition lors de la prochaine grande élection au Gabon. Mike Jocktane, qui a occupé des fonctions politiques auprès de feu le président Omar Bongo jusqu’à son décès, s’est déclaré solidaire de l’appel au rassemblement du 20 décembre à Libreville lancé par les leaders du Front de l’opposition pour l’alternance au Gabon. «Pour nous, mais surtout pour nos enfants, osons poser les actes qui comptent!», a-t-il déclaré tout en invitant les jeunes à ce rassemblement.
A noter que la journée du 20 décembre 2014 devait être déterminante dans l’atmosphère politique du Gabon. L’opposition entend lancer un vaste mouvement dans le but de mettre la pression sur les autorités du pays et si nécessaire les obliger à «quitter le pouvoir».