Ils appartenaient tous à l’écurie «René Ndemezo’Obiang», mais depuis peu, c’est la guerre entre eux. Le ministre de l’Economie numérique et de la Poste veut absolument qu’on le reconnaisse comme le «patron politique» de Bitam. Sinon, il frappe…Quand un membre du gouvernement passe par une entreprise publique placée sous la tutelle de son département ministériel pour régler des comptes à un quasi-adversaire politique, on quitte le droit et la morale pour tomber sous le coup de la manigance et de la forfaiture !
Règlement de comptes politiques à Bitam, mais celui-ci se déroule au sein d’une entreprise publique. Pastor N’Goua N’Neme, ministre en charge de la Poste, dont la proximité d’avec le Président-Directeur Général (PDG) du Groupe La Poste S.A est connue, n’y serait pas allé par quatre chemins pour briser la carrière professionnelle d’un ressortissant de Bitam occupant une fonction importante dans cette entreprise. En effet, par une décision prise le 11 décembre dernier, le PDG du Groupe La Poste S.A, Alfred Mabicka Mouyama, a supprimé le poste de directeur des études et du développement. Ce poste était jusque-là occupé par Macaire Edzang, un universitaire proche de l’ancien ministre René Ndemezo’Obiang qui, semble-t-il, ne voudrait pas reconnaître au nouveau ministre un certain leadership sur la scène politique bitamoise.
A Bitam, cette décision du PDG du Groupe La Poste est considérée comme un «coup» de Pastor N’Goua N’Neme contre le député de cette localité qui, pourtant, lui a mis le pied à l’étrier sur le plan politique. «Le coup fait à Macaire Edzang est le plus visible de tous les coups que Pastor fait contre René et ses proches depuis un certain temps, mais ce n’est pas le seul ; lisez les journaux proches du pouvoir, et vous y verrez des choses incroyables écrites sous la dictée de Pastor, mais il faudrait qu’il arrête tout ça, parce que là, nous commençons à sentir qu’il veut que les choses se gaspillent à Bitam», affirme un responsable politique bitamois qui se dit proche de l’ancien ministre des Sports. «Pastor a décidé de faire supprimer un poste occupé par un haut cadre de Bitam ; c’est dommage qu’il se serve d’une société publique pour régler des comptes politiques», ajoute ce responsable politique.
Il est vrai qu’au sein même du ministère en charge de l’Economie numérique et de la Poste, on avance qu’autant les rapports entre Blaise Louembet, le ministre de la Poste d’alors, et Alfred Mabika Mouyama, étaient tout juste courtois, autant les relations entre N’Goua N’Neme et Mabika Mouyama sont notoirement chaleureux, mais ceci explique-t-il que Pastor N’Goua N’Neme se serve de ces rapports pour régler des comptes à des proches de René Ndemezo’Obiang considérés dorénavant comme des «quasi-adversaires» ?
D’autres observateurs de la vie politique locale ont noté que, lors de la marche de soutien qu’il a organisée pour Ali Bongo en novembre dernier dans le chef-lieu du département du Ntem, le ministre Pastor N’Goua N’Neme avait affirmé, visiblement heureux de voir une présence humaine au-delà de ses espérances, que «je sais qu’on vous a demandé par sms de ne pas venir à cette marche de Pastor, je sais qu’on vous a demandé de boycotter cette initiative, je sais qu’on vous a dit de ne pas venir, mais je vous le dis, cette marche n’est pas la marche de Pastor, c’est une marche de soutien au Président». Pour ces observateurs, ces mots accusateurs s’adressaient à René Ndemezo’Obiang qui, pour l’entourage du ministre de la Poste, se comporterait encore comme le «patron politique de la localité», selon la terminologie du Parti démocratique gabonais.
Pourtant, pour un proche de Pastor N’Goua N’Neme, le ministre en charge de la Poste a nommé, il y a quelques mois, un autre proche de René Ndemezo, Didier Ndong Obiang, au poste de Conseiller du PDG de La Poste S.A. Ce proche membre du Cabinet du ministre N’Goua N’Neme estime donc que «Pastor N’Goua N’Neme n’a rien contre René Ndemezo’Obiang et ses proches, il y a juste quelques incompréhensions, comme il peut en exister dans toutes les familles politiques ou biologiques». Il ajoute, pour rassurer les uns et les autres, que «l’actuel ministre chargé de la Poste n’a pas influencé le PDG de La Poste dans sa décision de dissoudre le poste qu’occupait Macaire Edzang». Vrai ? Faux ? Mais une chose paraît évidente : il y a un malaise à Bitam et…à La Poste. Les entreprises publiques ne doivent pas devenir des scènes de règlements de comptes !