L’agence Moody’s attribue pour la première fois une notation à la République gabonaise. Assortie d’une perspective stable dans la catégorie spéculative, la notation Ba3 reflète les contraintes et les facteurs de solidité pesant sur la qualité de crédit du pays. Politique monétaire prudente, robustesse financière justifiée par le faible poids de la dette publique, diversification souhaitée de la base productive, meilleure gouvernance des affaires : un diagnostic équilibré et encourageant pour une économie située au 24e centile des pays notés par Moody’s.
Fidèle à sa méthode des « Sovereign Bond Ratings », l’analyste financier américain actif depuis 1909 fait entrer le Gabon dans ses grilles de notation qui jaugent « le risque qu’une entité ne soit pas en mesure de remplir ses obligations contractuelles et financières lorsqu’elles arrivent à échéance ». Décidé en comité de notation Moody’s le 4 décembre dernier, le cran Ba3 - caractéristiques spéculatives et exposition à un risque de crédit important - offre des éléments d’analyse supplémentaires volontiers perçus comme des paramètres de confiance.
Les facteurs de solidité
1/ Perspectives de croissance solides - Dans le contexte d’un déclin naturel de la production pétrolière, l’agence relève l’intérêt de mieux exploiter d’autres ressources naturelles, comme le manganèse qui « présente notamment un potentiel intéressant dans la mesure où il n'en existe pas de réel substitut et seuls quelques pays en possèdent des réserves exploitables ». Selon Moody's, la croissance gabonaise repose également sur les politiques de remise à niveau et de création d’infrastructures performantes.
2 / Un bilan financier du gouvernement robuste - Conséquence d'une opération de rachat de dette vis-à-vis du Club de Paris financée sur les marchés et du cumul d'excédents budgétaires, la dette publique pèse faiblement (paiements d'intérêt à moins de 5.6% des recettes). Les analystes tablent sur une tendance durable même s’ils anticipent une légère augmentation sous l’effet des coûts liés au ‘Pacte social’.
3 / Une faible vulnérabilité aux chocs extérieurs - Appartenant à la zone CFA, le Gabon bénéficie de «politiques monétaire et de change définies au niveau supranational par la Banque des États de l'Afrique centrale », ce qui atténue les risques de crise de la balance des paiements et d'instabilité des prix.
Les principales contraintes
1 / Une forte dépendance au secteur pétrolier - Avec « des réserves budgétaires accumulées qui représentent 10% du PIB », le pays serait tout de même impacté en cas de « choc sévère sur les cours des matières premières».
2 / Les indicateurs de gouvernance et les disparités socio-économiques - Au terme de leur document analytique, les experts soulignent qu’une évolution positive pourrait, dans l’avenir, découler de deux facteurs : une amélioration de la gouvernance des affaires et une diversification de la base productive de l'économie gabonaise.