Auteur prolixe et analyste de la géopolitique mondiale depuis plusieurs décennies, le théoricien belge pro-palestinien s’est récemment penché sur «le cas explosif» du Gabon. Il croit déceler la main des Etats-Unis d’Amérique derrière les mouvements sociaux actuels, qui, selon lui, viseraient à remplacer le pouvoir établi, défini comme une création de la Françafrique.
Le 12 novembre 2014, une vidéo, dont le commanditaire et l’auteur restent inconnus à ce jour, accusait l’opposition et la société civile d’avoir conçu un plan en cinq étapes pour renverser le pouvoir établi. Deux mois plus tard, l’accusation, qui est restée en travers de la gorge des personnalités nommément mises en cause, notamment Jean Ping, Marc Ona Essangui et Marcel Libama, a refait surface par l’entremise d’une émission produite conjointement par «EODE-TV» et le groupe Afrique Média, le 16 décembre. Intervenant en qualité d’analyste sur l’émission «Le grand jeu», Luc Michel, fondateur du Parti communautaire national-européen (PCN) s’est montré peu surpris et inquiet face aux mouvements sociopolitiques enregistrés au Gabon ces derniers mois. Pour lui, ces événements ne sont que les «marques de naissance d’une nouvelle donne géopolitique en Afrique», qui laisse entrevoir «la réalité de la recolonisation de l’Afrique par les USA». Et de l’avis du théoricien belge pro-palestinien, «le Gabon est la première tentative d’imposer ce changement de régime (la Françafrique) par les méthodes habituelles des USA : révolution de couleur ou soi-disant «Printemps arabe» ».
S’il a indiqué qu’«il est encore trop tôt pour le dire», en parlant de «déstabilisation» du pouvoir établi, il n’en a pas moins soutenu la thèse, véhiculée en novembre dernier par la vidéo intitulée «Le pompier pyromane». Aussi, affirme-t-il fermement que «le livre de Péan est le détonateur, volontaire ou involontaire (…), d’une opération de déstabilisation politique» du Gabon. Selon l’analyste qui dit donner «les clés des géopolitiques rivales vues de Moscou, Washington, Bruxelles ou encore Pékin», si le brûlot du journaliste-écrivain français ne doit pas apparaître comme la seule origine du soulèvement de la population gabonaise, la situation du pays procède d’«un cocktail explosif». Et si certains observateurs de la vie politique gabonaise ont tôt fait d’accuser la France qui, prétendent-ils, souhaite désormais «révoquer» le président de la République, Michel Luc estime qu’il n’en est rien. «Le crime ne profite évidemment pas à la France ni à un régime qui est la création de la Françafrique et contre lequel Péan se dresse», affirme-t-il, avant d’ajouter : «Il profite directement au plan américain, à la fois pour un renversement et un changement de régime, et pour évincer la France.»
De même, s’il reste convaincu de son raisonnement, l’ancien activiste aujourd’hui responsable des «éditions Machiavel», s’est montré sceptique voire anxieux au sujet de la véritable position de l’auteur de «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon» avec lequel il dit partager quelques rares théories. A cet effet, s’interroge-t-il, «comment quelqu’un comme Pierre Péan qui a pu, dans l’affaire du Rwanda, servir les intérêts français, se retrouve aujourd’hui dans une opération anti-française ?» Mystère et boule de gomme !