Alors que les récentes prévisions de l’agence de notation Fitch Ratings ne présageaient rien de bon pour l’économie gabonaise, le 12 décembre courant, Moody’s Investors Service a attribué une première notation d’émetteur (Ba3) au Gabon, assortie d’une perspective stable. La notation Ba3, qui contredit quelque peu celle attribuée le 5 décembre dernier, «reflète les facteurs de solidité ainsi que les contraintes pesant sur sa qualité de crédit», relève l’agence qui y voit des perspectives de croissance solides, un bilan financier robuste et une faible vulnérabilité aux chocs extérieurs du fait de l’appartenance du pays à la zone franc. De même, si les principales contraintes pesant sur le crédit sont dues à une forte dépendance de l’économie gabonaise au secteur pétrolier et à la faiblesse de ses indicateurs de gouvernance économique et des disparités socio-économiques, «la perspective stable à laquelle la notation est associée s’appuie sur un ensemble de prévisions sur le maintien d’un environnement macroéconomique stable et la capacité du gouvernement à maintenir un faible niveau d’endettement en dépit d’une augmentation de la dépense publique et d’une érosion des revenus pétroliers dans les années à venir».
Selon Moody’s, la décision d’attribuer la notation Ba3 au Gabon prend en considération la solidité modérée de l’économie qui est le reflet d’un revenu relativement élevé et de perspectives de croissance saines, mais aussi de la taille modeste de son économie et de sa dépendance au secteur pétrolier. A cet effet, l’agence de notation prévoit «une exploitation progressive des autres ressources naturelles», à l’instar du manganèse qui présente un potentiel non négligeable. Mais de l’avis de Moody’s, les perspectives de croissance favorables du pays reposent également sur le programme du gouvernement visant à moderniser les infrastructures. Une modernisation qui, sur le terrain, reste entachée par les nombreux chantiers à l’arrêt ou simplement à l’abandon. Pourtant, pour l’agence de notation, cette situation ne saurait être inquiétante, vu que «le poids de la dette gabonaise est faible au regard des pays de profil comparable notés Ba3».
Par ailleurs, estime Moody’s, «la scène politique pose un risque modéré d’événements exceptionnels». «Le paysage politique gabonais offre un équilibre entre, d’une part, la relative stabilité du pays sur ce plan et, d’autre part, une difficile conciliation des impératifs politiques, économiques, financiers et sociaux, ainsi qu’un score considéré comme faible par la Banque mondiale au regard de son indicateur mesurant la représentativité et la responsabilisation du pouvoir politique», indique l’agence de notation. Toutefois, relève l’agence, si ces caractéristiques ne sont pas spécifiquess au Gabon, «le risque d’événement exceptionnel de nature politique émane de l’équilibre, difficile à trouver, entre d’une part, les attentes de la population sur le plan socio-économique, environnemental et ethnique, et d’autre part, la préservation de la stabilité politique et macroéconomique dans un contexte propice aux tensions sociales du fait d’une forte inégalité des revenus et de l’érosion des recettes publiques issues de la production pétrolière». Voilà qui devrait mettre du baume au cœur du gouvernement, désormais à l’affut de la moindre évaluation favorable, alors que les critiques sur sa gestion se font de plus en plus acerbes.