Au terme des états généraux placés sous le thème : «Médias et communication au Gabon : enjeux et perspectives», les participants ont esquissé des solutions devant permettre de bâtir le système de communication que le Gabon souhaite avoir au cours des prochaines années.
Organisés du 10 au 12 décembre dernier, les états généraux de la communication ont fécondé une réflexion collective sur le système de communication que le Gabon souhaite avoir au cours des prochaines années. De la réforme de l’audiovisuel public à l’instauration d’une redevance audiovisuelle, en passant par la réforme de l’Agence gabonaise de presse (AGP), voire la validation du nouveau Code de la communication écrite, audiovisuelle et cinématographique ainsi que la formation et la spécialisation de nouvelles élites, tout a été passé au crible.
Au terme des travaux, clos par le ministre de la Communication, Denis Mekam’ne, le rapport des travaux lui a été remis, qui devra être soumis au gouvernement pour appréciation. En attendant, l’on note des propositions faites dans le sens d’une amélioration des contenus et d’une plus grande professionnalisation du secteur.
A l’ouverture des travaux, le président la République avait présenté cette rencontre comme l’une de ses priorités. Ali Bongo Ondimba notait alors que la qualité des titres de presse au Gabon laisse encore de grosses marges de progression que l’on doit «absolument et immédiatement combler si nous voulons rivaliser avec les titres du continent». Il avait ainsi exhorté les participants à faire davantage pour trouver les mécanismes et ressorts nécessaires afin que le Gabon puisse enfin disposer d’une presse libre et de qualité. «Une presse qui ferait véritablement partie des critères d’évaluation du dynamisme de notre démocratie», avait-t-il dit.
Au-delà de cette volonté de l’exécutif, il y avait également la détermination de nombreux professionnels du secteur de dessiner les nouveaux contours de la communication au Gabon, mais aussi le souhait de l’opinion de voir enfin se mettre en place une radio et une télévision de qualité, placées sous le sceau du professionnalisme.
Ci-après quelques propositions et recommandations des différentes commissions
– Entreprendre la réforme du mode de désignation des membres du Conseil national de la communication (CNC)et veiller à ce que ces derniers aient des profils suffisamment représentatifs des différentes spécialités de la communication et des missions dévolues à cette institution ;
– Conforter le CNC, conformément aux dispositions constitutionnelles, dans ses obligations de régulation et de «traitement équitable de tous les partis et associations politiques» dans les médias en période normale comme en période électorale ;
– Revoir les dispositions légales relatives au secret professionnel et à l’obligation de discrétion des fonctionnaires et contractuels de l’Etat, de manière à ce qu’elles ne constituent plus une entrave au droit des citoyens à accéder à l’information publique ;
– Reconnaître Internet comme un produit de première nécessité et garantir à tout citoyen, indépendamment de sa zone géographique, de son âge et de sa condition sociale, le libre accès à ce réseau ;
– Apporter des appuis multiformes à l’Institut national des postes et des technologies de l’information et de la communication(INPTIC), et au département des sciences de l’information et de la communication (DSIC) de l’Université Omar Bongo pour le renforcement et la diversification de leurs offres de formation ;
– Garantir une plus grande autonomie de gestion aux médias publics pour leur permettre de mieux répondre aux exigences de leurs missions ;
– Renforcer le financement de la production audiovisuelle nationale (publique et privée) par l’instauration d’une taxe, pour chaque abonnement aux services des fournisseurs d’accès aux chaînes de radio et télévision étrangères.
Des échanges en plénière, il ressort les résolutions et recommandations suivantes:
– Créer un département ministériel regroupant l’Economie numérique, la Communication, la Poste, la Culture et les Arts doté d’un siège afin d’élaborer une politique cohérente et performante en matière de communication et de culture ;
– Mettre en place un comité de pilotage sur la réforme de l’audiovisuel chargé de revisiter des textes de loi et en initier d’autres pour combler certains vides juridiques. Ce comité sera ouvert à l’ensemble des compétences impliquées dans les questions de l’économie numérique, la communication, la poste, la culture et les arts ;
– Préparer les communicateurs et les populations à la migration vers le tout numérique.
Textes à adopter:
– Projet de loi relatif à l’exercice de la liberté de la communication au Gabon;
– Loi portant mesures incitatives à la production cinématographique;
– Décrets divers sur les statuts de l’IGIS, Gabon Télévision, Radio Gabon et Télédiffusion du Gabon;
S’agissant des supports et contenus
– Créer un label GIC (Gabon-Information-Communication), référence de tous les acteurs de la communication;
– Créer un organisme public de production, de suivi et de contrôle du GIC avec pour missions de:
– Vérifier la conformité des médias aux exigences du label GIC;
– Mettre en place l’ordre des métiers de la communication et gérer la carte de presse;
– Produire des contenus pédagogiques en relation avec les normes LMD en vue de répondre aux besoins du marché gabonais de l’information et de la communication.