Leandre Bouanza Mombo, le directeur général de BGFI Bourse filiale du groupe bancaire BGFI, a déclaré, commentant le processus de dématérialisation des titres en Afrique centrale actuellement mis en œuvre par la Commission de supervision des marché financiers (Cosumaf), qu'elle était « accueillie favorablement », en ce que cela constituait pour les entreprises de son type « une source de revenus supplémentaires ».
« La conservation constitue une part importante de nos revenus et c'est une bonne chose de voir la Cosumaf se lancer dans ce processus de dématérialisation, car cela élargira notre assiette de conservation et pourrait accroître notre rentabilité. C’est donc une initiative à encourager », a expliqué M. Bouanza Mombo
Le responsable de BGFI Bourse s'est exprimé dans le cadre d'une rencontre d'information organisée par le régulateur des marchés financiers de la zone CEMAC, pour partager et discuter avec les acteurs concernés les textes de la dématérialisation dont la mise en œuvre est en cours. Dans l'ensemble, le processus est bien accueilli par ces derniers. « Jusqu'ici, la Banque centrale avait du mal à admettre en refinancement les titres non homologués par son dépositaire central. Désormais avec ce processus, nous pensons qu'il n'est pas exclu de voir progresser notre guichet de refinancement, les titres dématérialisés pouvant servir de collatéral », a fait savoir Lea Ekobe, un des responsables de la Banque des Etats de l'Afrique centrale présent à la rencontre.
Pour sa part, Louis Bango Nkolo, un des responsables de la filiale camerounaise du groupe Société Générale, a indiqué que le processus de dématérialisation mis en œuvre, tant au niveau sous-régional que par le Cameroun dans une démarche nationale, se présente comme une réelle opportunité pour le décollage du private equity dans la sous-région.
Derrière ces crédits positifs, les acteurs n'ont pas manqué de signaler un certain nombre de défis en rapport avec ce processus de dématérialisation. Ces préoccupations concernent tant la sécurisation que la gestion du droit de propriété. Un des défis évoqué par Leandre Bouanza Mombo est celui du chevauchement des règles applicables notamment dans le droit des sociétés. « Nous serons intéressés de voir comment la Cosumaf s'y prendra pour briser par exemple les pactes d'actionnaires qui sont consacrés dans l'Ohada à travers notamment la possibilité d'avoir des statuts », a-t-il fait remarquer.
Parmi les autres défis, on peut noter celui de la gestion des agréments. Plusieurs banques déjà agréées se demandent si elles devront encore postuler à un agrément pour la tenue des comptes titres et comment sera régulée cette activité, à côté de celle des services de banques purs. On peut aussi relever les défis liés à la communication financière. Pour l'heure, le potentiel du marché de la tenue de compte n'a pas encore été totalement évalué. Le processus, malgré ses défis, se présente néanmoins comme une opportunité pour ouvrir la porte à de nouvelles compétences, notamment dans la gestion des titres, la communication financière, la comptabilité liée aux titres et aussi la gestion des litiges