Depuis la rentrée des classes 2014-2015, le Lycée technique Omar Bongo ne sait plus à quel saint se vouer. Faute de moyens de transport adéquat, les jeunes inscrits dans cet établissement excentré, situé dans la commune d’Owendo, laissent éclater leur désarroi. Ils l’expliquent par le fait qu’ils arrivent régulièrement en retard, ratent des leçons, devoirs et autres activités inhérentes à leur formation. Ce qui est d’autant plus grave que leurs enseignants ne tolèrent pas les explications relatives aux difficultés dans les transports en commun. C’est donc pour protester contre cet état de fait et réclamer des moyens de transport adéquats qu’ils ont envahi l’ancienne gare routière de Libreville, lieu névralgique de la capitale, pour dénoncer ce manquement qui entrave le bon déroulement de leur formation.
Seule entité commise à cette tâche, la Société gabonaise de transport (Sogatra), principale société de transport publique urbaine, semble avoir de la peine à couvrir la demande. A côté, les taxis et autres taxi-bus doivent se négocier à des prix passant parfois du simple au triple pour un déplacement. Dans ce contexte, les élèves veulent savoir où sont passés les bus et quel sort leur est réservé jusqu’à la fin de l’année scolaire. «Nous n’avons pas tous les moyens de prendre des taxis ou taxi-bus à des coûts élevés par rapport à la somme de 100 francs que payons lorsque nous empruntons un bus de la Sogatra», a laissé entendre l’une des élèves, manifestant en uniforme. «Où sont les bus de transport qui devaient nous aider à rallier notre établissement scolaire?» ont-ils scandé, se demandant ce qu’est devenue la dotation qu’a récemment eue la Sogatra. Le mouvement d’humeur de ces élèves a causé la perturbation de la circulation durant des heures à l’ancienne gare routière, un lieu déjà réputé difficile pour les automobilistes à cause de ses embouteillages.
Les élèves du Lycée technique croient savoir qu’il n’y a que deux ou trois bus destinés à leur transport. Ce qui, pour eux, est insuffisant au regard du nombre d’élèves inscrits dans leur établissement. Ils s’insurgent également contre le fait que ces bus n’atteignent pas le plus souvent leur lycée, les déposant généralement à bonne distance. «Trop c’est trop. Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités et tienne ses engagements, car c’est difficile de continuer dans ces conditions», a martelé un élève. Comme on peut s’y attendre en pareille circonstance, des agents des forces de police ont été envoyés pour rétablir l’ordre, avant que la pluie ne vienne parachever le travail en dispersant manifestants et policiers.
Si la question du transport scolaire a de tout temps posé problème, l’on note néanmoins que ces élèves ont marché à un moment où tout mouvement renvoie à des considérations politiques. Du coup, un parent d’élève, voyant la foule d’élèves compacte déferler sur l’ancienne gare routière, s’est interrogée : «Que se passe-t-il actuellement au Gabon? Les autorités actuelles seraient-elles porteuses de poisse au point que tout le monde fait grève et réclame un petit quelque chose?». A l’évidence, les transports en commun dans leur globalité restent une épine dans le pied du gouvernement. Au-delà du problème posé par les élèves, l’Etat devrait faire des efforts pour trouver des solutions globales et adéquates à ce problème. «C’est aussi par là que passera l’émergence», a noté l’un des élèves manifestant.