Le Front Uni de l'Opposition Pour l'alternance (FUOPA) est-elle devenue la maison de retraite des anciens collaborateurs du défunt président de la République, Omar Bongo Ondimba ? Samedi 6 décembre, le tour est revenu à l'ancien vice-président de la République Didjob Divungui Di Ndinge de faire sa "grande" entrée dans l'opposition.
Depuis samedi 6 décembre, Didjob Divungui Di Ndinge ancien vice-président de la République est désormais membre de l’opposition.
Dans sa déclaration de reconversion politique, l'ancien vice-président et ancien président du parti de la majorité, l’Alliance démocratique et républicaine (ADERE), a dressé un bilan sombre de la gestion du Gabon par Omar Bongo Ondimba.
Celui qui avait récolté 2,2% des votes lors des présidentielles de 1993, a déclaré que la gestion du pays par Ali Bongo Ondimba n'est que la continuité de celle de son père. Il affirme à cet effet que la présidence d'Omar Bongo Ondimba n’aura été que pillages, brimades et frustrations.
Un air de déjà entendu et un discours similaire à celui de Jean Ping qui, quelques jours auparavant, a copieusement craché sur la tombe de celui qui était jadis son mentor.
Telle une vaste blague, ces « coming out » d’anciens barons du système, commencent à lasser plus qu’autre chose. Car au même titre qu’à Jean Ping et à tous ces autres devenus opposants par frustration, on a envie de poser la même question : POURQUOI NE PAS
AVOIR DENONCE TOUT CELA LORSQUE VOUS ETIEZ AUX AFFAIRES ?????
Pourquoi, comme par enchantement, après que ces personnalités aient été mises à la retraite forcée, elles se sont tout d’un coup souvenues du fait que pendant 40 ans, le pays a été mal géré, et que, depuis 5 ans, le nouveau président continue de mal gérer comme son prédécesseur ?
Pensent-ils que le Gabonais est bête et amnésique au point de ne plus avoir en mémoire le fait que ce sont ces nouveaux héros des temps modernes qui ont fait le système qu’ils décrient aujourd’hui ?
Didjob Divung’ Di Ndinge a-t-il déjà lui-même oublié qu’il a été vice président de la République et bras droit d’Omar Bongo en 1997, 1999, puis de 2005 à 2009 ?
A l’époque où sieur Divungi jouissait des privilèges dus à ses hautes fonctions, ne voyait-il pas que le pays était « mal géré » ? Sa conscience, soudain réveillée depuis quelques temps, ne lui commandait-elle pas de ne pas participer aux « pillages, brimades et frustrations » dont Omar Bongo Ondimba, est le seul coupable aujourd’hui ?
Etait-ce si difficile de résister à l’appel des sirènes de l’opulence ?
Pourtant, on se souviendra que d’autres, pourtant très courtisés par le défunt chef de l’Etat y avaient résisté, par conviction.
Pierre Mamboundou, seul véritable opposant de ces dernières décennies, étaient de ceux-là.
Ce n’est un secret pour personne qu’Omar Bongo lui avait, à l’époque, déroulé le tapis rouge, dans l’espoir de le voir rejoindre les rangs du PDG. Mais l’homme n’aura accepté, toute sa carrière politique durant, aucun poste dans aucun gouvernement.
Voilà ce que l’on appelle un homme de conviction.
Alors, que les opposants alimentaires, qui poussent désormais, çà et là, tels des champignons sauvages, ne viennent pas fatiguer inutilement les Gabonais qui s’intéressent aux vraies questions.
Car il faut le dire, tous ces ralliements commencent à ressembler à une foire où celui qui criera le plus fort attirera le plus de badauds.
L’alternance, « terme » très prisé par ces saints sauveurs, n’a pas de sens que dans un seul contexte. C’est un mot qui doit peser de tout son poids dans la manière de faire de chacun.
Or, le constat est que l’on ne souhaite appliquer l’alternance qu’au sommet de l’Etat.
Car, à bien y regarder, n’est-ce pas le refus de céder la place à une nouvelle génération, l’objet de toutes les discordes aujourd’hui ?
Tous ces « vieux » en colère et tout d’un coup conscients de la situation désastreuse du Gabon, se battent pourquoi exactement ? Pour revenir ou être maintenus aux affaires. Tout simplement.
Frustrés et aigris d’avoir été mis à la retraite, ils luttent, bec et ongles sortis, pour conserver leurs privilèges et leur présence permanente sur l’échiquier politique du pays.
Ils refusent que de nouveaux visages, plus jeunes, prennent le relai et les fassent oublier.
Alors oui. Leur combat acharné d’aujourd’hui, n’est pas pour, mais contre l’alternance.
Une démarche purement opportuniste et intéressée sur laquelle bon nombre de Gabonais ont, depuis longtemps, ouvert les yeux.
Plus question pour eux d’être instrumentalisés dans des guerres qui ne sont pas les leurs. Des combats égoïstes à l’issue desquels leurs problèmes ne seront pas résolus. Le peuple ne compte désormais plus se retrouver au milieu de querelles et autres combats personnels de ces politiciens qui, lorsque tout était rose pour eux, n’avaient sur lui qu’un regard méprisant et condescendant.