nterrogé le 6 décembre 2014 sur RFI, l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine a eu le mot dur contre le président de la République.
Visiblement, la tension entre Ali Bongo et Jean Ping va crescendo. Les 2 personnalités qui disent ne plus rien avoir de commun semblent souffler sur les braises. Ces dernières semaines, avec la montée en puissance des critiques portées sur Ali Bongo au sujet de sa filiation, exacerbées par l’apparition de nouveaux documents ayant ajouté la confusion au doute, les choses tendent à s’envenimer.
Intervenant le 6 décembre dernier sur les antennes de Radio France International (RFI), l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine (UA) n’a pas caché son ressentiment vis-à-vis du président de la République. «Je n’ai de haine vis-à-vis de personne», a-t-il cependant tenu à prévenir, avant lancer aussi sec : «Je pense simplement qu’il (Ali Bongo) est incapable et qu’il ferait mieux d’aller se faire voir ailleurs.» Que lui reproche-t-il donc ? Pour Jean Ping, les nombreux déplacements d’Ali Bongo montrent qu’il se sent mieux «ailleurs». «Il est tout le temps en voyage, et il laisse le pouvoir à une sorte de Régence que les Gabonais ont appelé «Légion étrangère»», a fustigé l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui se défend de toute xénophobie.
Si la question relative à son rôle et son implication dans la gestion du Gabon sous l’ère Omar Bongo Ondimba revient inéluctablement, alors qu’il se dit aujourd’hui déterminé à lutter pour l’instauration d’une démocratie, Jean Ping s’est défendu : «J’ai servi un régime qui, d’après moi, répondait aux critères que je me faisais du pays à l’époque. Je me suis peut-être trompé, je le regrette.» Passé à l’opposition, il estime que «les temps ont radicalement changé», avant de critiquer l’attitude du pouvoir actuel qui, pour lui, s’obstine à vouloir «faire rentrer le Gabon dans l’histoire à reculons en réinstaurant la dictature». «Aujourd’hui, c’est l’ère de la démocratie», a martelé le membre du Front de l’opposition pour l’alternance, sonnant la fin du temps des «pillages des ressources du pays».
De même, interrogé sur ses liens de famille avec Ali Bongo, frère de Pascaline Mferri Bongo avec qui il a eu des enfants, Jean Ping s’est montré plutôt cru : «C’est vrai que j’ai eu deux enfants avec sa sœur mais je ne le considère pas comme mon beau-frère». Et d’interroger : «Considérez-vous que le fait d’avoir un enfant signifie que vous avez des liens de sang avec cette famille ? Pensez-vous qu’il faut accepter n’importe quoi de n’importe qui, parce que vous auriez été de la même famille ?» Voilà qui devrait à nouveau envenimer les rapports entre l’opposition et le pouvoir, et raviver les passions.