Acculé par de violentes accusations au sujet de sa filiation, Ali Bongo aurait-il financé la publication par «Le Monde» de son extrait de naissance ? «Oui», répond le Front de l’opposition pour l’alternance, qui estime qu’il aurait pu s’en passer.
L’affaire n’en finit pas de susciter la colère de l’opposition. Et si la publication, le 2 décembre dernier, par le quotidien français Le Monde d’un extrait de naissance supposé appartenir à Ali Bongo était annoncée comme l’acte qui aurait permis de clore le débat sur l’éligibilité du président de la République, l’initiative a depuis été tournée en dérision par l’opposition. Et pour cause : le document est bien loin de prouver sa propre authenticité. «Sur ce fameux et énième acte de naissance, il n’est fait mention que de ses prénoms sans son patronyme, Bongo», relève un récent communiqué du Front de l’opposition pour l’alternance selon lequel l’initiative pour le moins risquée du pouvoir avait pour objectif de convaincre la communauté nationale et internationale de ce que le brûlot du journaliste-écrivain français ne reposait sur aucun fondement, et par la même occasion, de dénigrer la procédure judiciaire engagée contre Ali Bongo. Manque de pot, l’initiative paraît plus raillée que véritablement prise en compte, aussi bien par ses détracteurs que par les soutiens du régime en place.
Si tant est qu’il a lui-même commandité la publication de ce document censé taire les doutes sur sa filiation, cette initiative aura été contre-productive. «Ali Bongo aurait pu s’en passer», estime, un brin moqueur, le Front de l’opposition qui ajoute : «Outre Pierre Péan, tout le monde savait à Brazzaville et à Libreville que le cercle proche d’Ali Bongo Ondimba – Joséphine Kama-Dabany en tête – inondait, sans succès, la capitale congolaise de supplications et pleurs, pour fabriquer des preuves de l’accouchement par césarienne d’Alain Bongo». Acculé par ses accusateurs, poussé dans ses derniers retranchements, le président de la République aurait-il succombé à l’appel de la facilité, en faisant intervenir le journal français, dont les rapports conflictuels avec l’auteur de «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon» sont connus de tous depuis plusieurs années ? Pour le Front «cette parution du quotidien «Le Monde» dévoile, en réalité, la panique dans laquelle se trouve le pouvoir». Ainsi, «Ali Bongo Ondimba, aux abois, tente par tous les moyens de bloquer la procédure judiciaire qui doit aboutir à sa destitution», affirme le Front.
Pour l’heure, estime le Front, qui dit n’accorder aucun crédit à la photographie publiée par le même quotidien représentant l’officier Teale, ancien aide-de-camp des feux présidents Léon Mba et Omar Bongo, en compagnie des enfants Bongo, une seule alternative est possible pour le dénouement de cette affaire qui n’en finit pas de défrayer la chronique : «Publier, d’une part, un extrait du registre du Centre national français d’Etat civil de Nantes, d’autre part, les résultats du test de son ADN et de celui de sa mère Joséphine Kama-Dabany». Une recommandation qui semble pourtant loin d’être dans les intentions de la famille Bongo.