Libreville – Devant ses pairs réunis pour l’ouverture du XVe Sommet de la Francophonie, le Président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba, s’est prononcé en faveur d’un espace économique qui, dans une dynamique d’échanges multilingues, apporterait des réponses aux attentes des jeunes en matière de formation et d’emploi. Des choix « assumés » par le Gabon, pays le plus densément francophone du monde après la France.
« Notre espace doit se transformer en une zone de libre échange culturel, scientifique et économique », a déclaré Ali Bongo Ondimba samedi à Dakar (Sénégal) au cours du sommet de la Francophonie.
Appelé à prendre la parole devant les hauts représentants de 274 millions de personnes venus de 77 pays ou territoires répartis sur les 5 continents, Ali Bongo Ondimba est allé droit au but : « Notre conviction profonde, en tant que francophones assumés et fiers d’appartenir à notre espace linguistique commun, qui s’étend sur tous les continents, est que l’avenir de notre langue, qui compte parmi ses locuteurs 6 africains sur 10, est dans un multilinguisme tout aussi assumé ».
Parce que la jeunesse du continent n’exige que du concret, parce qu’elle ne veut plus « se perdre dans les sables du Sahara » attirée par « un prétendu mieux-être en Europe », le Président de la République a rappelé l’apostrophe du Pape François sur la Méditerranée, « cimetière des migrants », comme une prise de conscience et une mise en garde. La communauté francophone doit donner des raisons d’espérer, par les échanges commerciaux, la mobilité dans l’éducation, les technologies. En écho, son homologue sénégalais Macky Sall parlera de « ciment pour l’avenir ». Le chef de l’État a donc lancé un ‘Appel’ mobilisateur « à la transformation – indispensable – de l’espace francophone en zone de libre-échange culturel, scientifique et économique ».
L’ambition économique, chaînon manquant du mouvement francophone
D’ici à 2050, les francophones auront presque triplé, et plus de 80% d’entre eux seront africains. Compte tenu de la robustesse de la croissance continentale, leur poids économique sera incontournable. Aujourd’hui déjà, avec 14% de la population mondiale, ils pèsent 14% du revenu brut planétaire et 20% des échanges commerciaux. Selon le Rapport 2014 sur la transformation de l’Afrique présenté à Dakar, le Gabon figure avec la Côte d’Ivoire, le Sénégal et Maurice dans le groupe des sept pays de tête.
Pays le plus francophone du monde après la France, le Gabon abrite le Bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie pour l’Afrique centrale et l’océan Indien et occupe la vice-présidence de l’Union des Conseils économiques et sociaux de l’OIF. Une dizaine de Centre de lecture et d’animation culturelle (CLAC-OIF) sont implantés sur le territoire. Au fil de ce sommet sénégalais tenu 25 ans après la première conférence francophone de Dakar, les populations et quelque 2000 délégués ont également pu suivre le festival du cinéma africain MobiCiné, qui programmait en présence de sa réalisatrice le film de la Gabonaise Nadine Otsobogo, « Dialemi, elles s’amusent ».
Le pari du président Bongo Ondimba est bien celui de la jeunesse, autour d’une ambition : «Tirer le meilleur avantage de l’ouverture des sociétés africaines aux flux du monde ».