Dakar - Plusieurs responsables gouvernementaux et d'organisations internationales réunis mercredi à Dakar ont estimé que les pays francophones devaient investir plus et mieux dans la santé pour de meilleurs résultats dans ce secteur dans leur espace.
La crise Ebola "a jeté une lumière crue sur le débat que nous avons eu" de longue date "sur la nécessité d'avoir un système de santé performant", a déclaré Mamadou Diallo, directeur de l'Onusida pour l'Afrique de l'Ouest et du
Centre.
L'Onusida fait partie des co-organisateurs de la réunion avec le Sénégal, la France, l'Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (Gavi), Unitaid ainsi que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
L'Afrique de l'Ouest est en proie à la pire épidémie d'Ebola depuis 38 ans, avec près de 5.500 morts en onze mois essentiellement dans trois Etats: Liberia, Sierra Leone et Guinée.
Ce bilan inclut plus de 330 personnels de santé, aux effectifs déjà insuffisants dans une région elle-même peu équipée pour faire face à de telles crises.
Pour Mamadou Diallo, il faut "réfléchir au renforcement du système de santé, pas nécessairement en mettant des milliards dans le ciment, le béton" avec des infrastructures coûteuses et peu adaptées, "mais en investissant de façon beaucoup plus sérieuse dans le renforcement des ressources humaines".
Il a également évoqué "la création d'un système de collecte de données d'alerte et de veille" pour réagir rapidement en cas de crise comme celle d'Ebola, "la création d'un système de mutualisation des moyens des pays de la région afin de pouvoir faire face à ce type d'épidémie".
Il s'exprimait en présence de plusieurs responsables gouvernementaux, notamment du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Bénin et du Canada.
La ministre béninoise de la Santé, Dorothée Kinde-Gazard, a notamment plaidé pour une "répartition judicieuse des personnels de santé".
Elle a expliqué avoir visité un centre de santé rural au Bénin où "une sage-femme (...) fait 80 accouchements par mois", tandis que dans un centre urbain proche de la capitale, elles étaient six à effectuer le même nombre d'accouchements par mois. "Je reconnais que l'Afrique a fait des efforts ces dix dernières années, mais nous pouvons faire mieux", a-t-elle dit.
"On doit investir dans les systèmes même si on ne voit pas les résultats tout de suite", a souligné Diane Jacovella, ministre canadienne adjointe chargée notamment du Développement.