Lors du Sommet mondial de l’Entreprenariat qui s’est tenu du 19 au 21 novembre à Marrakech au Maroc, la banque marocaine Attijari Wafa, dont la filiale gabonaise est l’Union Gabonaise de Banque (UGB) a signé avec Paypal, leader mondial du paiement en ligne, un partenariat pour le développement d’un nouveau produit : Attijari Paypal qui contribuera de beaucoup au développement de l’e-commerce dans le Royaume chérifien. Au Gabon, ce secteur pourtant porteur, peine à décoller, du fait d’une absence totale de mécanismes de paiement en ligne.
Le commerce virtuel ne connaît pas la crise. A en croire les chiffres d’affaires à donner le tournis, générés par ce jeune, mais très prometteur secteur d’activités.
En effet, depuis 2011, l’e-commerce ne cesse de battre des records de croissance.
Selon eMarketer, spécialiste en marketing digital, ce sont plus de 1000 milliards de dollars qui ont été dépensés en 2012 sur le marché de l’e-commerce, soit une croissance de 21% par rapport à l’année précédente.
Et en 2013, le nombre d’acheteurs sur internet est passé de 903,6 millions à 1,15 milliard.
Les plus grands utilisateurs de plateformes d’achats en ligne se trouvent en Asie-Pacifique, avec plus de 391,1 millions d’acheteurs en 2012.
Et dans ce développement impressionnant des cybermarchés, l’Afrique n’est pas en reste.
Konga au Nigéria, Rupu au Kénya, Jumia au Maroc et au Nigéria, Mabrouk, SoukExpert et Kaymu dans plusieurs pays. On ne compte plus les plateformes d’e-commerce qui sont créées depuis quelques années sur le continent.
Et malgré des difficultés liées à la logistique (problèmes de connectivité, faible taux de bancarisation des populations etc…), le cyber commerce est en train de gagner du terrain en Afrique, et affiche même déjà, dans certains cas, des chiffres très encourageants.
Au Maroc, où un partenariat entre Attijari Wafa Bank et Paypal, a été signé vendredi dernier pour la création d’une plateforme d’e-payment, le commerce virtuel a généré en 2013, 87 millions de dollars, soit 41,7 milliards de francs CFA. Et ce chiffre pourrait bien augmenter d’au moins 5% cette année 2014.
Mais au Gabon où, pourtant des efforts sont consentis pour l’amélioration de la connectivité, avec l’installation de la fibre optique, le passage à la 3G et à la 4G par certains opérateurs de téléphonie mobile, la baisse des tarifs des abonnements internet, la mayonnaise de l’e-commerce met beaucoup de temps à prendre.
En effet, en dehors de quelques petites entreprises qui tentent, tant bien que mal d’instaurer la vente en ligne BtoC dans les habitudes de consommation des Gabonais, il n’existe pas de véritable plateforme, ni de logistique efficace, pouvant permettre le développement de ce secteur.
En cause, l’absence totale d’une offre de services de paiement en ligne, par les banques installées dans le pays.
« Le taux de bancarisation des populations est encore trop faible. L’Etat fait des efforts dans ce sens, en poussant les fonctionnaires et les étudiants à ouvrir des comptes bancaires. Mais ce n’est pas encore suffisant pour amener les banques à proposer des services de paiement en ligne », a expliqué M.F, cadre dans un établissement bancaire de la place.
En effet, en dehors d’Ecobank qui propose une carte Paypal rechargeable, aucun établissement bancaire au Gabon ne donne la possibilité à ses clients d’effectuer des achats en ligne.
« Nous proposions cette possibilité à nos clients il y a quelques années. Mais à cause de problèmes liés à la sécurité, nous avons du suspendre ce service », expliquait à son tour un conseiller clientèle d’UGB.
En Afrique, 7% des transactions en ligne sont frauduleuses, contre 2% en Europe.
Mais ces chiffres ne freinent pas pour autant l’engouement autour des ventes en ligne BtoC.
Outre cela, le problème de transport et de livraison des produits, ce, dans un délai compétitif, reste entier.
Frais de douanes trop élevés, difficultés à créer un réseau interprovincial de transport efficace, coûts de transport tout aussi élevés.
Autant de pesanteurs qui en ont déjà découragé plus d’un, qui, au bout de quelques mois d’activités, ont du abandonner leur projet.
Et le Gabon qui, depuis quelques années, a initié un processus de diversification de son économie, gagnerait à explorer plus profondément la mine d’or que représente ce secteur d’activités, en mettant en place un cadre et des mesures d’accompagnement qui permettront aux acteurs de ce secteur, de véritablement s’installer et se développer.