15 personnes, impliquées dans le détournement d’importantes quantités de carburant de la Société gabonaise de raffinage (Sogara), sont actuellement gardées à vue à Port-Gentil. Au cœur du système de contrebande, des hiérarques de la société Robert Services dont le patron Robert Chami est actuellement en France.
Les enquêteurs du commissariat de police Port-Gentil viennent de démanteler un réseau de trafic de carburant au sein de la Société gabonaise de raffinage (Sogara). Des centaines de mètres cube de carburant volés par un groupe d’employés qui le revendaient à vil prix au PDG de Robert Services, Robert Chami. 15 personnes ont ainsi été interpellées dans la journée du 21 novembre et sont gardées à vue dans les geôles du commissariat central de la capitale économique. Parmi elles, trois Français : Guy Chami, ancien directeur général adjoint de Robert Services, Maria Nardou, ancienne directrice des affaires financières et Gérard Despiesse, directeur de la logistique. Quatre agents de la Sogara et des complices parmi lesquels un employé de Satram de nationalité marocaine, deux Béninois, un Camerounais.
C’est après la saisie d’un bateau de la société Robert Services, Le Sandy, avec 300 m³ de gasoil que les enquêteurs se sont mis sur la piste de la Sogara. Des agents du département production de la raffinerie suspectés sont très vite passés à table dévoilant le stratagème mis en place pour ravitailler depuis les vannes de la Sogara les bateaux envoyés par Robert Services. Les documents comptables justifiant le règlement des mafiosos de la Sogara ont également été saisis par les enquêteurs. Nommé Yao, le sujet Camerounais arrêté, était l’intermédiaire entre Robert Chami et les voleurs de carburant. Après chaque transaction, celui-ci rapatriait les fonds chez lui via Western Union. Les preuves de ces transferts réguliers et massifs de fonds ont été saisies à son domicile.
Selon une source autorisée, les documents saisis font remonter ce trafic à 2012 tandis que les pertes occasionnées à la Sogara se chiffreraient à de centaines de millions de francs CFA. Il a été noté, par exemple, que du carburant d’une valeur normale estimée à 160 millions de francs CFA était vendu à Robert Chami à 40 millions. Du pain béni pour le patron de Robert Services qui réalisait ainsi d’énormes économies pour faire fonctionner ses multitudes engins au détriment de la Sogara.
Aujourd’hui, la police traque tous ceux qui, de près ou de loin, ont été mêlés à ce trafic de carburant. Une véritable mafia organisée au cœur de laquelle se trouvait «le parrain» Chami qui l’a échappé belle parce que se trouvant en France au moment où l’affaire éclate. Aura-t-il seulement le courage de remettre les pieds au Gabon pour répondre de ses actes ? Sinon, que peut faire la justice pour l’y contraindre, surtout que l’homme bénéficie, se raconte-t-il, de relations haut placées et très influentes dans le giron politique.
Comment un trafic impliquant des quantités de carburant aussi importantes n’a pu être remarqué par la direction de la Sogara ? Autant de question qui taraudent aujourd’hui les esprits qui cherchent encore à comprendre les dessous de table de la chute de l’omnipotent PDG de Robert Services.
Tous les suspects gardés à vue devront être présentés devant le procureur de la République qui pourrait les inculper pour vol et recel, lundi prochain.