Libreville – Trois Organisations Non Gouvernementales (ONG) gabonaises ont porté plainte contre Bolloré Africa Logistics, à qui elles reprochent d’être à l’origine de la vie chère dans le pays. L’annonce a été faite par Me Aimery Bhongo Mavoungou, avocat des ONG, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée lundi, à Libreville.
Au nom des ONG TIME, SOS CONSOMMATEURS et ASSOCIATIONS JEUNESSE SANS FRONTIERES, Me Aimery Bhongo Mavoungou a saisi le Conseil d’Etat pour obtenir l’annulation d’un contrat passé entre l’Etat gabonais et Bolloré Africa Logistics.
« Elles (les ONGS) entendent obtenir l’annulation de la convention de concession pour la construction, l’aménagement, la gestion et l’exploitation du Terminal à conteneurs au Port d’Owendo, passée le 15 Mai 2007, entre l’Etat gabonais représenté par l’OPRAG et le Groupe Bolloré, ainsi que l’ensemble des avenants et contrats subséquents », a indiqué Me Bhongo Mavoungou.
Selon les ONG, le Groupe Bolloré a profité du processus de privatisation imposée par les institutions financières internationales, notamment la Banque Mondiale et le FMI, pour mettre en place un réseau d’entreprises qui lui permettent de bénéficier d’un monopole sur l’exploitation des ports du Gabon. Et Bolloré vend ses services beaucoup plus cher que ses concurrents.
Notons que plus de 92 % des importations et exportations au Gabon comme dans plusieurs pays africains s’opérant par la mer, cette position de Bolloré a favorisé la vie chère, notamment par la hausse des prix au port impactant automatiquement les coûts des denrées alimentaires.
« Les coûts abusifs du transport maritime, du camionnage, de l’acconage, de la manutention et du transit font en sorte que le prix du kilogramme de riz, aliment de base du Gabon, soit 3 à 5 fois plus élevé que dans le reste de la région. Et c’est le cas pour l’ensemble des biens de consommation », a expliqué Me Bhongo Mavoungou qui estime que le groupe français Bolloré exerce un monopole illégal dans le pays. Il fonde son argument sur la loi qui stipule que toute attribution d’un monopole doit faire l’objet d’un texte législatif.
Et d’ajouter : « ce groupe est à l’origine de la vie chère au Gabon. Sa concession doit être annulée ».
Selon le juriste, à part cette action en justice, des manifestations publiques seront aussi au rendez-vous.
La semaine dernière, les experts de la commission de la concurrence de l’UEMOA ont dressé un rapport dénonçant le monopole de Bolloré au port d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Mais jusque là, aucune réaction de la part des responsables du Groupe français.