L’ancien Premier ministre va commettre, dans les tout prochains mois, un livre sur la gouvernance d’Ali Bongo, ainsi que sur ses relations avec le Cabinet du président de la République souvent mises en évidence dans la presse. C’est la première fois qu’un ancien chef du gouvernement gabonais va écrire un livre politique.
Intitulé «Quel renouveau pour le Gabon», ce «brûlot de 150 pages» sera publié par une maison d’édition parisienne en février prochain. Selon La Lettre du Continent, média numérique d’informations confidentielles généralement bien informé, Raymond Ndong Sima va évoquer ses deux années de présence à la Primature, marquées notamment par le dialogue social, la régularisation des situations administratives des agents de l’Etat et le paiement d’arriérés de soldes (rappels). L’ex-Premier ministre évoquera aussi la gouvernance d’Ali Bongo, ainsi que les rapports qu’il a eu à entretenir avec le cabinet présidentiel. Il va sans aucun doute confirmer ce que sait le Tout-Libreville sur les relations difficiles, parfois discourtoises, qu’il a eus avec Maixent Accrombessi. Ces relations avec le cabinet présidentiel ont été tellement tendues que lors d’une conférence de presse, le porte-parole de la présidence de la République, Alain-Claude Billie-By-Nzé, avait, outrepassant son rôle, assené : «Monsieur le Premier ministre, si vous voulez partir, allez-y, personne ne vous retient !» Quelques semaines plus tard, dans un entretien avec Marwane Ben Yahmed, directeur délégué de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, Ali Bongo avait soutenu son porte-parole, se souvient-on. Le journaliste qualifiant, à l’occasion, Ndong Sima de Premier ministre «le plus falot».
Le «falot» prend la plume
Le «falot» va ainsi répondre, à sa manière, aux propos peu sympathiques à son égard qu’a laissé échapper le président Ali Bongo dans cette interview accordée à Jeune Afrique en février dernier. Après la tribune libre récemment publiée sur son blog, et dans laquelle il dévoile son pessimisme quant à la marche actuelle du pays, l’ancien Premier ministre va donc aller plus loin en écrivant «les deux ou trois choses qu’il connaît du régime actuel». Ce brûlot devrait être aussi une prise de distance d’avec le régime actuel. Il y a quelques semaines déjà, l’ancien membre de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD, parti ayant fait fusion avec d’autres formations politiques pour la création de l’Union Nationale) avait décidé de démissionner du Bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG) et de devenir un simple militant. Il détient encore, toutefois, un mandat de député – du canton Kyè – pour le compte du PDG.
Une littérature politique riche
La littérature politique gabonaise va donc s’enrichir de ce nouveau livre-témoignage qui ne devrait pas manquer d’évoquer divers sujets de l’actualité politique récente. Le livre sortira quelques mois après celui d’un autre grand témoin de l’histoire politique gabonaise, Pierre-André Kombila Koumba, qui traite de la vie politique nationale et suggère quelques pistes pour sortir des atermoiements actuels et mettre en place une véritable démocratie au Gabon.
«Cette effervescence littéraire montre bien que l’on approche le dernier grand scrutin de cette décennie, à savoir l’élection présidentielle du mois d’août 2016», souligne un professeur de géopolitique de l’Université Omar-Bongo de Libreville. Un autre, sociologue, croit savoir que «les hommes politiques gabonais vont de plus en plus se livrer pour faire connaître à l’opinion leur part de vérité et pour susciter des débats». Il ne restera plus aux institutions qu’à suivre le mouvement vers plus de démocratie.