Depuis le début de l’«affaire Péan» qui n’en finit plus de préoccuper le pouvoir et d’attiser l’agacement de l’opposition, une pléthore de pétition est en passe de remplacer l’ensemble des plaintes annoncées par les 2 parties.
Après la guerre juridique annoncée, le conflit entre le pouvoir et ses pourfendeurs, qui réclament qu’Ali Bongo se soumettre à un test ADN dans le but de prouver sa filiation officielle, s’est désormais déporté sur un autre terrain : internet, et notamment celui des pétitions dites citoyennes. A cet effet, estime Marc Ona Essangui sur sa page Facebook, «comme ils veulent nous dicter la voie à suivre nous allons leur montrer comment les réseaux sociaux fonctionnent». Pour ce membre éminent du mouvement citoyen Ça suffit comme ça, qui dit avoir signé une pétition dans ce sens, «en confisquant leur RTPDG [pour Gabon Télévision, Ndlr] ils n’ont pas su qu’à l’heure de l’internet et des réseaux sociaux la télévision classique des années 80 est dépassée». Aussi, invite-t-il la population gabonaise à «voter massivement» la pétition mise en ligne le 13 novembre dernier pour interpeller le gouvernement.
Convaincu que «le Gabon est une dictature à ciel ouvert, ou crime rituel et pauvreté cohabitent et rythment le quotidien», il estime que l’affaire du supposé «faux acte de naissance» d’Ali Bongo vient ajouter aux «scandales de détournement de fonds publics» imputés au pouvoir en place depuis une quarantaine d’années. «Trop c’est trop ! Les paroles ne suffisent plus. ABO [pour Ali Bongo Ondimba, Ndlr] doit se soumettre dans les plus brefs délais à un test afin que la vérité soit établie une bonne fois pour toutes. Par cette signature, les Gabonais pourront exiger à ABO de se conformer au droit», indique la pétition qui, au 17 novembre 2014, comptait 315 signatures.
Si la pétition soutenue et signée par Marc Ona est destinée au gouvernement, avec la suite qu’on lui connaît déjà, après l’accueil réservé par le gouvernement au livre de Pierre Péan ou à la simple évocation du sujet, il est une autre qui éprouve encore beaucoup de mal à atteindre le succès escompté. Publiée le 14 novembre 2014, celle-ci interpelle le secrétaire général des Nations-unies, sur le même sujet, et notamment sur l’article 10 de la Constitution. Selon l’auteur de la pétition qui, au 17 novembre 2014, ne comptait que 14 signataires sur les 200 recherchés, l’intervention de Ban-Ki Moon se justifie. Pour lui, «Ali Bongo, étant le fils adoptif du feu président Omar Bongo ne (devait) pas être candidat à une élection présidentielle au Gabon», vu que l’article invoqué stipule que «toute personne ayant acquis la nationalité gabonaise ne peut se présenter comme candidat à la présidence de la République (et que) seule sa descendance ayant demeuré sans discontinuité au Gabon le peut, à partir de la 4e génération». Or, ajoute-t-il, «pour mémoire, en 2009, Ali Bongo avait violé la Constitution du Gabon par un coup d’Etat électoral dans lequel il y a eu de nombreux morts à Port-Gentil». A cet effet, prévenant, il lance : «Nous ne voulons plus qu’il y ait des morts au Gabon en 2016. Le peuple gabonais veut simplement que la Constitution soit respectée pour préserver la paix légendaire du Gabon». Autant d’initiatives qui laissent songeur.